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Le parrain de Kidal

La situation sanitaire est de plus en plus dégradée dans le Nord Mali. Pour ne rien arranger, plusieurs affrontements ces dernières semaines ont fait près de 40 blessés par balle. Nous devons crier haut et fort que cette situation de misère est volontairement entretenue, et que même les rares instances qui tentent de venir en aide à la population font l’objet de tractations mafieuses limitant leurs actions.

Le constat est alarmant : près de 13% de mortalité infantile, plus d’un enfant sur 4 en sous-poids sévère, une espérance de vie qui frôle les 50 ans, ces quelques chiffres, extraits du rapport 2014 Save the Children, montrent bien pourquoi le Mali dispose d’un des taux de développement les plus faibles aux mondes.

Mais quand on regarde dans le détail, on se rend compte que la misère est inégalement répartie et frappe beaucoup plus fortement certaines régions. Pour exemple, la quasi-totalité des maliens de plus de 50 ans vit dans la région de Bamako, qui dispose d’un environnement plus calme et mieux équipé d’un point de vue sanitaire.

Certaines régions du Nord ne disposent tout simplement pas de centre de santé et encore moins de centre hospitalier. Elles se reposent sur des ONG comme le Comité International de la Croix Rouge (CICR).

Le plus troublant dans ce constat est que cette situation stagne tout simplement parce qu’elle fait le bonheur d’une poignée d’individus, auto proclamés seigneurs de ces régions.

Entretenir volontairement une population dans la misère permet de l’asservir artificiellement, de bloquer net tout développement économique, et disposer ainsi d’une main d’œuvre à bas coût pour alimenter des groupes de mercenaires.

Voilà l’origine d’une grande partie des combattants du nord qui protègent, pour quelques milliers de CFA par semaine, au péril de leur vie, des convois de drogue et entretiennent sans s’en rendre compte leur propre misère. Leur présence ces dernières semaines a d’ailleurs été la source de plusieurs combats qui ont engendré plus de 40 blessés graves par balle. Comme si cette région avait besoin de ça …

Un des seigneurs stratégiques dans ce jeu complexe de marionnettes est certainement l’emblématique Cheick Ag Aoussa, dont la fortune est connue de tout le monde.

Enfant de Kidal, membre stratégique du groupe HCUA dont il assure la chefferie militaire, proche de plusieurs autres responsables djihadistes comme Droukdel ou Iyad Ag Ghaly, ce personnage est pourvu d’une personnalité complexe.

Il combine moult jeux en parallèle afin de conserver un contrôle total sur la région, au mépris de l’épanouissement et de la santé des habitants. Pour exemple, tout en assurant la protection de convois de drogues avec des jeunes de la région exploités et mis en danger, il participe activement au trafic d’armes depuis et vers la Lybie ; il orchestre dans le même temps la gestion d’otages avec divers groupes armés.

Il joue sur tous les tableaux, serpente entre ses différentes intentions, avec comme objectifs exclusifs le maintien de son statut et son enrichissement personnel.

L’emprise de Cheick Ag Aoussa s’étend même sur les ONG présentes dans la région, et tout particulièrement le CICR. Une subtile coopération est imposée : il offre officiellement un appui logistique, apporte aide et conseils à cette organisation tout en faisant comprendre qu’elle ne peut agir sans son consentement sous peine de représailles rapides et violentes.

Rappelons-nous que plusieurs membres de cette ONG ont été enlevés il y a quelques mois. Certains diront que la présence du CICR est une bonne chose pour le développement de moyens sanitaires, j’aurais personnellement tendance à dire que leur présence n’est que somme toute bien relative et limitée par la bonne volonté du parrain Ag Aoussa.

Dr. Patrick SCHWARTZ pour Malikahere

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