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IBK face à d’immenses défis

En campagne, le Kankelentigui (en bambara, « l’homme qui n’a qu’une parole ») a su jouer de sa complexité, voire de ses ambiguïtés.

Francophile affirmé, il ne manque pas de rappeler sa nostalgie du croissant chaud (du temps où il était élève au lycée parisien Janson-de-Sailly) ou la ferveur des débats de ses années d’étudiant à la Sorbonne, IBK a su flatter la fibre nationaliste de ses concitoyens, éprouvée par la perte du nord du pays puis par sa reconquête, opérée principalement par des armées étrangères.
« IBK VEUT UNE MAJORITÉ QUI GOUVERNE ET UNE OPPOSITION QUI S’OPPOSE »

Au cœur du sérail politique depuis deux décennies, ancien chef de la diplomatie, ex-premier ministre puis président de l’Assemblée nationale, IBK a réussi le tour de force d’apparaître comme le candidat de la rupture et du renouveau.

Qu’importe, la campagne est passée, l’élection a été remportée et Bert Koenders, le patron de la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), situe les défis du nouveau pouvoir : « Le pays avance, la sécurisation du territoire progresse. Maintenant, c’est au président élu de mettre en œuvre une politique permettant d’éviter une répétition de la crise. Le Mali a besoin d’un nouveau contrat social et politique avec le Nord, une réforme de l’armée, une reconstruction de l’appareil d’Etat et d’engager la lutte contre la corruption. »

Avant de se lancer dans ces ambitieuses missions, IBK doit se choisir un premier ministre puis fixer la date des futures élections législatives. Bamako bruisse de rumeurs sur le nom, le profil du futur chef de gouvernement, mais le décisionnaire, lui, ne laisse rien filtrer.

S’il a promis d’être « le président de la réconciliation » lors de sa première allocution, le 21 août,IBK ne devrait pas aller jusqu’à proposer le poste à Soumaïla Cissé, son rival du second tour. « IBK veut une majorité qui gouverne et une opposition qui s’oppose. Il n’a pas combattu le faux consensus, les compromissions qui existaient sous la présidence d’Amadou Toumani Touré (ATT) pour remettre ce système en vigueur », indique son vieux camarade socialiste, l’universitaire Albert Bourgi.

IBK ne veut pas d’un gouvernement d’union nationale, mais devra composer avec les différentes entités de la société malienne qui l’ont soutenu. L’armée d’abord. Les militaires ont massivement voté pour lui. Le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, lui a publiquement apporté son soutien avant d’être propulsé général de division, mais, dans l’entourage présidentiel, on jure n’être tenu par aucun accord secret avec les auteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012.

Les religieux ensuite. Plusieurs dignitaires, dont l’imam Mahmoud Dicko, le très rigoriste président du Haut Conseil islamique, ont habilement fait campagne pour celui qui se définit comme un musulman cartésien. Mais, là encore, les proches du nouvel élu promettent qu’il n’est pas question de remettre en cause la laïcité du Mali.

CAMPAGNE CENTRÉE SUR L’HONNEUR ET LA DIGNITÉ NATIONALE

Tenant d’un pouvoir fort, se posant en garant de l’unité nationale, Ibrahim Boubacar Keïta va devoir très vite se mettre à la table des négociations avec les rebelles touareg qui avaient conquis le Nord début 2012 avant de se faire submerger par les groupes djihadistes. Un accord a été signé le 18 juin à Ouagadougou avec les deux principaux groupes indépendantistes (le MNLA et le HCUA).

IBK s’est engagé à poursuivre le processus, mais ses thèmes de campagne, centrés sur l’honneur et la dignité nationale, ainsi que l’opinion au sud du pays, très défavorable à toute concession au profit de ceux qui ont plongé le Mali dans l’abîme, laissent planer quelques doutes sur ses intentions. Sera-t-il l’initiateur d’une grande décentralisation voulue par les bailleurs de fonds internationaux ou le promoteur d’un Etat jacobin ?

Une chose est sûre, le nouveau président bénéficiera d’une manne financière inédite pour relancer l’économie malienne. Plus de 3,2 milliards d’euros ont été promis par la communauté internationale. De quoi initier de nombreux projets de développement, mais aussi nourrir la corruption.

Fort de sa large victoire, IBK a aujourd’hui toutes les cartes en main pour asseoir son autorité et remettre à flots un pays qui sort à peine de la plus grave crise qu’il ait connue. François Hollande, qui doit se rendre à Bamako le 19 septembre pour une grande cérémonie d’investiture, ne devrait pas manquer de le lui rappeler, l’intervention militaire au Mali étant à ce jour le principal succès du président français sur la scène internationale.

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