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De Tatam à Mara : Du tâtonnement au marasme…

Du 4 septembre 2013 à ce jour 4 septembre 2014, le règne des 365 jours d’IBK a politiquement fait sombrer le pays dans la désolation et l’incertitude. Les actes posés çà et là traduisent l’amateurisme, l’incompétence et la mal gouvernance érigés en système. Deux Premiers ministres en une année : Oumar Tatam Ly et Moussa Mara ont été choisis pour sortir le pays de la crise sécuritaire, politique et socioéconomique qu’il traverse depuis mars 2012. L’espoir a viré au cauchemar. Du tâtonnement de Tatam au marasme de Mara, les Maliens ont vécu 12 mois de chaos politique et d’immobilisme.

Les Maliens ont élu le candidat du Rpm, Ibrahim Boubacar Keïta, à la magistrature suprême à plus de 77%. Une élection qui prouve le désir de changement et l’espoir de tout un peuple. Il a suffit seulement le temps de l’investiture du chef de l’Etat(le 4 septembre 2013) et la nomination de son 1er Premier ministre (le 11 septembre) pour que l’espoir laisse place à la désillusion, au désespoir et au regret. Pour tous, l’élection d’IBK à la magistrature suprême constituait la fin de la crise sécuritaire consécutive au coup d’Etat du 22 mars 2012. Cette élection devrait permettre au Mali de se remettre rapidement débout. Mais très vite, les Maliens ont compris qu’entre les discours politiques et autres promesses électorales, et la réalité de l’exercice du pouvoir, il y a un grand fossé chez IBK.

Pendant la campagne présidentielle, Ibrahim Boubacar Keïta avait promis le changement d’hommes et de système. Dès la composition du premier gouvernement de son mandat, les Maliens ont eu une idée de la gouvernance IBK. Une gouvernance qui rime avec la promotion d’anciens amis, d’alliés, d’affidés et de membres de la famille présidentielle. Tous sont conviés autour du gâteau Mali, alors que le président fraîchement investi avait promis aux Maliens qu’il n’y aurait pas de partage de gâteau. Mais il n’a pas tenu sa parole. Il y a bel et bien eu partage de gâteau…

Ibrahim Boubacar Keïta se faisait passer, lors de la campagne présidentielle, comme étant le seul candidat qui incarne le changement. Et le seul capable d’instaurer le changement. La majorité des Maliens ont cru à ce discours.

Mais dès la formation du gouvernement, nos concitoyens ont réalisé qu’IBK avait un tout autre pouvoir magique : celui de faire ressusciter les « morts ».

En effet, dans le gouvernement de Tatam Ly, l’on a noté la présence d’au moins dix « cadavres politiques », tous d’anciens ministres sous Alpha O Konaré et qui ont retrouvé une nouvelle vie à la faveur de l’élection de IBK. Au même moment, le slogan « Le Mali d’abord » semble bien parti sur le chemin du cimetière. Le gouvernement n’est certes pas composé de tous les opportunistes qui ont rallié son camp. Il n’est pas non plus représentatif des partis politiques de l’Alliance IBK-Mali 2012. Mais, le chef d’Etat n’a trouvé mieux que de faire appel à des amis, quelques alliés, et des courtisans du fiston national pour constituer l’équipe.

Après la formation du gouvernement, le chef de l’Etat ne perdra pas de temps pour afficher son désir du luxe et de la bombance. Il instruit aux services du protocole l’organisation d’une investiture le 19 septembre 2013.

Une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement dont le Roi Mohamed VI, François Hollande, Alassane Dramane Ouattara, étaient présents à Bamako pour assister à la seconde cérémonie d’investiture (après la prestation de serment du 4 septembre) du président Ibrahim Boubacar Keïta au stade du 26 mars.

Tatam quitte le navire…

Pour son premier test grandeur nature, Tatam devrait organiser des élections législatives et offrir une majorité confortable au président IBK. Ce qui fut fait. Mais la lune de miel n’aura duré que 7 mois. Après les législatives, le malaise s’installe entre les deux personnalités. Oumar Tatam Ly ne supporte plus le poids de la famille et des amis dans la gestion du pouvoir exécutif. Il en exprime le besoin de se débarrasser des vieux chevaux et des membres de la famille dont les profils ne correspondent pas aux exigences de résultats à lui assignés. IBK ne prenant pas en compte ses remarques, Tatam Ly rend le tablier. Dans sa lettre de démission, il fait part de ses divergences avec le chef de l’Etat et révèle la mal gouvernance instaurée au sommet de l’Etat. « Au regard des dysfonctionnements et des insuffisances que j’ai relevés dans la marche du gouvernement, qui réduisent grandement sa capacité de relever les défis se présentant à lui, il m’est apparu nécessaire de lui imprimer, au sortir des élections législatives, dans un environnement institutionnel devenu moins favorable, des évolutions propres à lui conférer davantage de cohésion et à lui doter de compétences accrues lui permettant de mettre en œuvre les changements attendus par vous-même et par le peuple malien. Je n’ai pu vous convaincre de la nécessité de ces évolutions, lors de nos entretiens des 2, 3 et 16 mars ainsi que du 4 avril 2014. En conséquence, en considération de ces vues différentes qui ne me mettent dans la position de remplir la mission que vous m’avez confiée, je suis au regret de vous présenter ma démission… », écrit le Premier ministre démissionnaire. Tatam Ly sortait ainsi par la grande porte, découvrant à la communauté internationale et au peuple malien le vrai visage d’IBK. Malgré la volonté de Tatam d’aller vers le changement, le chef de l’Etat persiste et signe : la famille, les amis et les affidés sont prioritaires dans le partage du « Gâteau ». Tatam quitte le navire le 5 avril. IBK le remplace par Moussa Joseph Mara. Ce fut encore un coup de massue. Ni les dirigeants du RPM (qui affirment prendre acte de la nomination du nouveau PM), ni les observateurs de la scène politique, encore moins l’opposition, ne comprennent le choix d’IBK. Car, en plus d’être un néophyte en politique et très inexpérimenté, Mara n’a jamais géré les affaires publiques. En effet, il n’avait que sept mois d’expérience gouvernementale et président d’un micro parti politique (Yelema, Le changement) avec un seul député à l’Assemblée nationale.

Mara : l’homme par qui le Mali perd Kidal

Trop ambitieux avec un agenda personnel, Moussa Mara accepte de diriger un gouvernement formé à 100% par IBK (une première dans l’histoire du Mali démocratique) et composé à près de 90% des ministres sortants. Les jours et mois qui suivent la nomination de Mara seront émaillés de mensonges au sommet de l’Etat et d’actes lamentables dont certains vont changer le cours de l’histoire du Mali.

En effet, voulant se faire une place au soleil, le Premier ministre, Moussa Mara, multiplie les bourdes. Entre autres, il force une visite à Kidal et s’y rend le 17 mai 2014, déclenchant une guerre stupide qui se solde par un échec cuisant de l’armée le 21 mai et une humiliation de toute la nation malienne. Avec notamment la perte de Kidal et une bonne partie du nord, des administrateurs civils égorgés, des dizaines de soldats morts, des blessés et des prisonniers.

IBK, qui ne s’assume jamais, cautionne les égarements de son Premier ministre. Il va jusqu’à sacrifier le ministre de la Défense, Soumeylou Boubeye Maïga, et lui faire endosser l’humiliation subie à Kidal par la faute de Moussa Mara. Qui sauve son poste face à une motion de censure déposée par l’opposition ; tout comme il avait pu faire approuver sa Déclaration de politique générale, sans surprise.

Nommer un Premier ministre sans une assise politique solide (1% des voix à la présidentielle de juillet 2013), est loin d’être un acte anodin. IBK a du mépris pour les Maliens en général et particulièrement pour sa formation politique (le Rpm). Ce parti dispose de cadres compétents et d’une majorité suffisante pour gouverner. Mais le chef de l’Etat a ignoré cette réalité et piétiné le fait majoritaire.

Les dérives du pouvoir

Autre dérapage du président IBK : il a fait peser sa famille au double plan politique et administratif dans les affaires du pays. Le beau-père du fiston national (Karim Keïta) a été propulsé à la tête de l’Assemblée nationale. La loi prévoit dans notre pays qu’en cas de vacance du pouvoir, le président de la République est remplacé par le président de l’Assemblée nationale. Ceci explique-t-il cela ?

Le fils du président, Karim Keïta, a été bombardé président de la prestigieuse commission Défense et Sécurité de l’Assemblée nationale. Sans expérience, il a eu vraisemblablement le soutien de son père. Qui avait affirmé dans une interview, que Karim est la préférence de l’armée. De la poudre aux yeux. Un choix regrettable, là où on note la présence à l’hémicycle d’un Général expérimenté de la police. Mais les agissements du fils d’IBK commencent à inquiéter même au sein du Rpm. Dans le gouvernement, à la présidence de la République et à l’Assemblée nationale, il a paradoxalement réussi à s’imposer et à imposer ses choix, contre le plus souvent la volonté de certains barons du Rpm. On annonce déjà sa prochaine bataille : imposer sa femme comme maire du District.

Au-delà, il y a une présence très remarquée de la famille et des amis du président dans les gouvernements successifs. Ce qui serait le point d’achoppement entre le Premier ministre Ly et le chef de l’Etat. Donc, la famille est, demeure et restera pour longtemps dans le gouvernement.

Ce sont des situations qui agacent et irritent les Maliens en général et spécifiquement l’opposition. Celle-ci ne se fait pas prier pour dénoncer les dérives du pouvoir d’IBK. Elle a déposé une motion de censure contre le gouvernement de Moussa Mara.

Le Parti de la Renaissance nationale a fait plusieurs déclarations pour attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la mal gouvernance, la gestion familiale et clanique des affaires publiques par le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta.

Dans un document intitulé « IBK, sept mois après, le Mali dans l’impasse », le Parena lance un vibrant appel aux forces politiques, économiques, sociales et culturelles du pays, à la société civile et aux leaders d’opinion à l’intérieur comme à l’extérieur afin que tous ensemble, nous conjuguions nos efforts pour stopper la dérive actuelle et remettre le Mali sur les rails afin de préserver ses chances de se relever.

Une autre publication, la semaine dernière, du parti de Tiébilé Dramé sur l’anniversaire de l’investiture d’IBK, intitulée « IBK, un an après : l’immense gâchis », décrit de façon succincte la situation chaotique que vit le Mali pendant la première année de gestion du chef de l’Etat. Constat général : le Mali va droit dans le mur.

Idrissa Maïga

Source : Aube

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Modibo TEMBELY est co-administrateur de ce site web.

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