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Mali, un scrutin législatif à l’ombre des violences à Kidal

Ce soir-là, dans le quartier « zone industrielle », à Bamako, la sono a été poussée à fond pour attirer les habitants, mais les curieux ne sont pas très nombreux à se laisser tenter. La musique attire surtout des grappes d’enfants turbulents qui sortent de l’école.

Des femmes continuent à laver leur linge sans broncher. « Ce n’est pas facile de mobiliser », reconnaît Kumba Ba Traoré. La jeune femme a créé une association en février 2013 pour encourager les Maliens à voter, dans un pays où, depuis longtemps, l’abstention est la règle.

Elle organise des animations dans les quartiers expliquant l’importance du vote. « Mais les gens sont avant tout préoccupés par leur propre survie quotidienne et par les problèmes au nord », avoue-t-elle.

Cinq mois après un scrutin présidentiel qui avait fortement mobilisé les Maliens (plus de 50 % de participation), l’élection d’une nouvelle Assemblée ne déchaîne pas les foules.

A Bamako, seules quelques affiches de campagne de candidats semblent rappeler l’échéance de ce deuxième tour (127 sièges sur 147 députés restent à pouvoir).

Symboliquement, le scrutin est pourtant important : il doit sceller le retour à l’ordre constitutionnel interrompu depuis le coup d’Etat de mars 2012 qui avait précipité le Mali dans la crise. Dans les faits, le pays a surtout le regard tourné vers le Nord, toujours en proie à l’action de groupes djihadistes et à la rébellion armée des touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) dans la région de Kidal.

ATTAQUE CONTRE DES SYMBOLES DE L’ÉTAT

Samedi, veille du scrutin, la ville de l’extrême-est malien a été le théâtre d’une nouvelle déflagration. A l’aube, un kamikaze s’est fait exploser en lançant une voiture piégée contre la banque malienne de solidarité (BMS).

Le bilan est lourd : deux casques bleus, de nationalité sénégalaise, sont morts et plusieurs hommes, dont deux soldats maliens, ont été gravement blessés. L’attaque visait des symboles de l’Etat et des forces étrangères présentes au Mali : seule banque de la ville, la BMS était en permanence gardée par l’armée malienne et la Minusma, la mission de stabilisation de l’ONU au Mali.

Dans ce contexte, difficile de se passionner pour un scrutin législatif, d’autant que le Mali a un régime semi-présidentiel où le poids de l’Assemblée est relatif.

L’élection souffre de plusieurs autres handicaps : un système de vote très compliqué, des alliances locales tous azimuts difficiles à comprendre pour de nombreux Maliens. Au premier tour, le 24 novembre, le taux de participation avait été de 38 %, il ne devrait pas être plus élevé cette fois-ci.

DÉSINTÉRÊT, DÉSENCHANTEMENT

Ce désintérêt est aussi l’effet d’un certain désenchantement des habitants de la capitale après une élection présidentielle qui avait suscité d’immenses espoirs.

« Les Maliens ont voté pour IBK [Ibrahim Boubacar Keïta] pour régler la crise du Nord et le problème de Kidal, explique Boubacar, un jeune professeur de dessin. Mais aujourd’hui, c’est le contraire qui se passe. »

Elu sur une image de fermeté et une promesse de rétablissement d’un Etat fort, IBK n’a pas su, aux yeux de nombreux Maliens, asseoir son autorité et imposer un règlement du conflit au MNLA.

L’armée malienne n’a pas encore repris le contrôle total de Kidal, le fief des rébellions touareg. Ces derniers mois, plusieurs ministres ont été empêchés de s’y rendre : un geste de défi insupportable pour beaucoup d’habitants du Sud qui jugent le MNLA responsable de l’effondrement du pays en 2012.

Trois mois après l’entrée en fonction d’ « IBK », les négociations entre l’Etat et les groupes armés, dont le MNLA, sont en effet au point mort. L’accord préliminaire de Ouagadougou signé en juin avait permis la tenue de l’élection présidentielle en août mais il prévoyait que les pourparlers reprennent dans les deux mois suivant la formation d’un nouveau gouvernement, en vue d’un accord de paix définitif.

Mais la date butoir du 8 décembre est passée sans que rien ne se passe. « On a voulu se précipiter à faire des élections, mais on a perdu beaucoup de temps pour les négociations, et aujourd’hui l’instabilité règne au nord. Pire : on assiste, ces derniers temps, à un retour d’AQMI [Al-Qaida au Maghreb islamique] dans la zone », regrette un bon connaisseur du dossier.

L’élection législative peut-elle influer sur le problème du Nord ? Indirectement, oui, estiment certains observateurs. « Il est très difficile pour des partis en campagne électorale d’appeler à négocier avec un groupe armé comme le MNLA.

Une telle période est politiquement peu propice à une relance des discussions. Ça devrait être plus facile, une fois le scrutin passé », souligne un observateur étranger.

En attendant, cette journée de vote, placée sous la protection des soldats maliens, français et des casques bleus, s’annonce sous haute tension.

Sultan Ould Badi, le djihadiste malien qui a revendiqué l’attentat de Kidal, a menacé le Mali d’autres attaques. « Cette opération est une réponse aux pays africains qui ont envoyé des militaires pour soutenir le combat de François Hollande en terre d’islam », a déclaré ce membre d’AQMI, poursuivant : « Nous allons répondre dans tout l’Azawad [nord du Mali], et sur d’autres terres (…) par d’autres opérations aux croisades de la France et de ses fonctionnaires qui n’aiment pas l’islam. »

source : lemonde

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