BIGtheme.net http://bigtheme.net/ecommerce/opencart OpenCart Templates
Dernières Nouvelles
Home / A la Une / Mali : des élections sans illusion

Mali : des élections sans illusion

Déçus par IBK, les Maliens se rendent aux urnes pour le second tour des élections législatives qui n’agite ni les foules ni les espoirs.

Le second tour des législatives n’intéresse pas vraiment les Maliens, déçus voire exaspérés par la politique. Il est vrai que le taux de participation a rarement dépassé les 40 % dans le pays et les 38,6 % du premier tour ne sont guère surprenants.

Il est vrai aussi que l’engouement de l’élection présidentielle en août dernier avait fait figure d’exception. Après le coup d’État du 22 mars, l’élection d’Ibrahim Boubacar Keïta sonnait comme le signe de la fin de la crise, un symbole de renouveau après six mois de guerre dans le nord du pays entre l’armée régulière et la rébellion touareg.

48,8 % des électeurs s’étaient rendus aux urnes avec la conviction que le nouveau président règlerait rapidement le conflit dans le Nord, et que le Mali pourrait à nouveau se revendiquer « un et indivisible ». IBK a été élu dans ce but, son slogan de campagne présidentielle, « l’homme qui n’a qu’une parole », résonnait comme la promesse d’une prise de position forte contre tous les groupes indépendantistes du Nord, d’un discours ferme contre le MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad. À ce titre, il a déçu.

IBK aurait tendu la main aux rebelles

Candidat malheureux à l’élection présidentielle à deux reprises, c’est la personnalité d’IBK qui lui a permis d’accéder au pouvoir en août 2013 bien plus que l’étiquette de son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM).

Avant les élections présidentielles, le RPM ne représentait pas grand-chose sur l’échiquier politique. Parti faible sans base électorale forte, IBK pouvait compter en revanche sur son image d’homme à poigne, forgée lorsqu’il était Premier ministre sous Alpha Oumar Konaré entre 1994 et 2000.

Il est alors jugé autoritaire par ses adversaires, un avantage au moment de la campagne présidentielle où les Maliens attendaient un leader capable de remettre le Mali en ordre de marche.

Dès son élection, Ibrahim Boubacar Keïta avait déclaré qu’il serait « le président de la réconciliation ». Mais les résultats se font attendre : une commission de dialogue et réconciliation existe, mais elle n’a jamais vraiment fonctionné.

Pire, certains considèrent qu’il aurait flanché : IBK a récemment levé les mandats d’arrêt contre quatre députés de la région de Kidal qui avaient rejoint des groupes armés rebelles au début des combats. Selon le quotidien national L’Indépendant, ils auraient même pu toucher les arriérés de leurs indemnités d’élus et ainsi financer leur campagne pour les législatives.

Circonstance aggravante : deux d’entre eux, Ahmada Ag Bibi et Mohamed Ag Intallah, ont été élus, faute d’autres candidats, dès le premier tour et sous les couleurs du parti présidentiel RPM. Un scandale pour beaucoup de gens qui ont cru en la fermeté de « l’homme qui n’a qu’une parole ».

Des anciens rebelles à l’Assemblée

« Nous voyons des alliances dans certaines régions qui nous surprennent beaucoup, des rapprochements entre des partis politiques qui s’insultaient ; leur seul but est électoraliste, comment faire confiance à des gens qui renient leurs idées dans le simple but de gagner ? » regrette un jeune militant d’une association apolitique prodémocratique qui organise des marches pacifiques contre la politique française dans le nord du pays, suspectée de favoriser une réconciliation avec le MNLA touareg.

« Je me sentirai très mal de voir débarquer à l’Assemblée nationale monsieur Ag Bibi, ancien rebelle, alors que le Premier ministre lui-même n’a pas pu atterrir à Kidal il y a quelques semaines à cause des manifestations à l’aéroport », déclare un jeune professeur de philosophie à Bamako, participant aux marches de protestation. D’ores et déjà un sit-in devant l’Assemblée nationale pourrait avoir lieu dans la capitale lors de l’arrivée des anciens rebelles élus du Nord.

Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius s’est lui félicité de la tenue de ces élections législatives dimanche matin sur Europe 1 : « Ce pays était sur le point de devenir le premier État terroriste du monde. Le Mali a recouvré son intégrité et son indépendance.

Il y a un président légitimement élu et demain il y aura une Assemblée nationale. Quand la France fait ça, avec les Africains, on doit dire chapeau ! » Quelques jours plus tôt, un jeune militant prodémocratie soupirait : « Alors, oui, la France saluera certainement le merveilleux processus démocratique des élections législatives, qui est censé mettre un terme à la crise, mais au final rien ne changera vraiment au niveau des pratiques politiques.

Peu importe si IBK obtient la majorité, vu la moralité des candidats, ils se rallieront par intérêt au RPM, et, comme sous Amadou Toumani Touré (l’ancien président, NDLR) l’Assemblée nationale sera monocolore, sans opposition démocratique forte.

source : lepoint

About Malikahere

Check Also

Djihadistes : constructeurs ou destructeurs du Mali?

Koro : 2 enfants morts, 1 mutilé ! En cause les explosifs des djihadistes. Dans ...