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Mali : la menace djihadiste continue d’effrayer les habitants de Mopti

Sur la route qui mène de Mopti à Konna, elles apparaissent soudain au milieu d’un paysage de steppe sahélienne. Des carcasses de 4×4 carbonisées. Les véhicules ont été figés dans leur course. Depuis un an, beaucoup ont déjà été enlevés.

Ceux-là sont les derniers. Mais ils témoignent de la violence de l’offensive menée ici, dans la région administrative de Mopti.

C’était le 9 janvier. A bord de pick-up, les groupes djihadistes, qui avaient pris le contrôle du nord du pays un an plus tôt, lançaient une offensive vers le sud. Leur objectif : Konna, une ville de 10 000 habitants, puis, à moins d’une heure de route, la grande cité commerçante de Mopti, dernier verrou avant Bamako.

Devant la menace d’une attaque d’islamistes sur la capitale malienne, la France avait alors déclenché l’opération « Serval ».

Fatoumata se souvient parfaitement de ces heures-là. « Nous n’avions jamais entendu de bombardements et nous n’avons pas compris tout de suite que c’était la France venue pour nous sauver », explique la femme du chef du village, l’autorité traditionnelle de Konna. Ibrahima Kampo, son mari, est alors à Bamako.

Fatoumata ne cherche pas à partir, mais se barricade avec sa famille et des vivres, jusqu’à la libération de la ville, le 11 janvier.

STIGMATES DU CONFLIT

Un an plus tard, cette femme élégante et posée reconnaît que « si la vie a repris, la peur, elle, n’a pas tout à fait disparu ». Située à quelque 700 km de Bamako et autant de Tombouctou, Mopti, ville frontière entre les parties nord et sud du Mali, et lieu stratégique pour leurs échanges, a été en première ligne pendant le conflit qui a secoué le pays, en 2013. Les assaillants ont été foudroyés à Konna par l’aviation française.

Mais le traumatisme des habitants est toujours là.

A Konna, les destructions ont été presque effacées. On a reconstruit les maisons, évacué une bonne partie des carcasses. A l’entrée de la ville, un lycée porte le nom de François Hollande. Les habitants ont le sentiment d’avoir eu beaucoup de chance.

« Konna n’a jamais été occupée, rappelle le chef de village. Certains rebelles sont restés dans les collines alentour, venant se ravitailler de temps en temps, mais ils ne se sont jamais installés dans la ville. Ainsi, on n’a pas eu à découvrir qui les auraient soutenus. »

Alors qu’à Gao ou Tombouctou, la fin de l’occupation a sonné l’heure des règlements de comptes contre les « collabos », et d’une difficile réconciliation, Konna a été épargnée. L’ambition des djihadistes s’est arrêtée là. Pour Ibrahima Kampo, « il y aura désormais un avant et un après Konna dans l’histoire du pays ».

A soixante kilomètres de là, Mopti aussi a gardé des stigmates du conflit. « Le soir, on allait se coucher mais on ne dormait pas », raconte Awa Traoré, une jeune commerçante.

Elle non plus n’a pas voulu quitter sa maison au moment de l’avancée des rebelles. Pendant des mois, la ville a pourtant vécu en état de guerre permanent. L’un de ses faubourgs, Sévaré, servant de base arrière aux forces françaises.

REPRISE DU COMMERCE

Les tentes alignées d’un camp de réfugiés aujourd’hui presque vide témoignent de l’ampleur de la crise humanitaire d’alors : en janvier, pendant que Mopti se vidait de ses habitants effrayés, des milliers de personnes fuyant le nord tentaient au contraire d’y trouver refuge.

Un an après le début de l’intervention militaire, l’économie de la « Venise de l’Afrique », comme elle est surnommée, retrouve peu à peu des couleurs.

Dans le port, les pinasses, ces imposantes pirogues qui servent à transporter les marchandises sur le fleuve Niger, ont repris leurs traversées. Des dizaines de drapeaux – tchadiens, français, nigériens, etc. – flottent sur les embarcations, comme un hommage adressé aux « sauveurs du pays ».

« La situation est bien meilleure. On peut à nouveau circuler sur le fleuve », confirme Issa Cissé, à la manoeuvre sur le port de Komogel, un chèche sombre autour de la tête.

Pendant près de deux ans, rappelle ce transporteur, de nombreux agriculteurs n’ont pas pu aller cultiver leur champ à cause de l’insécurité.

Beaucoup de petits commerçants ont aussi perdu tout ce qu’ils avaient avec l’occupation du nord et n’ont plus les capitaux pour relancer leur affaire.

Des difficultés qui sont venues s’ajouter à l’effondrement du secteur du tourisme – Mopti est à la lisière du pays dogon et de Djenné – depuis les prises d’otages d’Occidentaux au nord du Mali.

Originaire de Tombouctou, Issa Cissé gagne aujourd’hui sa vie en livrant les colis de nourriture du Programme alimentaire mondial aux localités du nord. Chaque mois, ses pinasses y apportent entre 600 et 800 tonnes de vivres.

FAIBLE PARTICIPATION AUX LÉGISLATIVES

Le danger a beau être derrière eux, les habitants de Mopti et de Konna gardent le regard tourné vers le nord. « Quand on voit ce qui se passe à Kidal, on se dit que le Mali reste sous la menace », s’inquiète Fatoumata. Isa Cissé estime, lui, que cela recommencera forcément, « pas de la même façon, mais ça se répétera toujours ». « Les autorités n’ont jamais fait ce qu’il fallait là-haut », dit-il.

Dimanche 15 décembre, jour du 2e tour des élections législatives, l’homme n’ira pas voter pour autant. Et il n’est pas le seul.

Dans les bureaux de vote de Mopti, les électeurs se comptent sur les doigts de la main en cette fin d’après-midi. « A la même heure, au premier tour, on avait beaucoup plus de votants », confirme Amadou Coulibaly, le responsable d’un des centres du bureau de Mossinkoré.

A Mopti comme ailleurs, les législatives, avec leur mode de scrutin complexe et leurs alliances politiques douteuses, n’ont pas mobilisé des électeurs surtout préoccupés par la persistance des violences au nord.

La veille du scrutin, deux casques bleus ont été tués dans un attentat-suicide, à Kidal. Le fief de la rébellion touareg a beau se trouver à 800 km, dans la tête des habitants de Mopti, depuis le 9 janvier, c’est à leur porte.

source : lemonde

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