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Crise malienne : Algérie, Burkina, Maroc… un médiateur peut en cacher deux autres

Au départ, seul le Burkina devait superviser les négociations avec les groupes armés du Nord. Puis Bamako a appelé Alger à la rescousse. Et voilà que Mohammed VI s’en mêle aussi ! Bref, on ne s’entend plus palabrer.

Les deux clichés de l’Agence marocaine de presse ont frappé les esprits. Sur le premier, Bilal Ag Acherif et Mohammed VI se serrent la main, souriants.

Sur le second, l’air grave, ils prient. Vêtu d’un boubou et d’un turban blancs, les paumes tournées vers le ciel, le secrétaire général du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) est assis en tailleur à la droite du souverain, paré d’une tunique couleur sable. « Que d’honneur pour un rebelle ! » s’irrite un diplomate sahélien.

En recevant au palais royal de Marrakech, le 31 janvier, le chef de l’aile civile du mouvement irrédentiste touareg, M6 a fait une entrée remarquée dans la danse des médiateurs qui entendent jouer un rôle au Nord-Mali.

Au premier temps de cette valse, le Burkina de Blaise Compaoré, que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a nommé médiateur en 2012, était seul en piste. Puis est arrivée l’Algérie, en janvier.

« C’est nous qui les avons sollicités », admet Cheick Oumar Diarrah, le ministre malien de la Réconciliation et du Développement des régions du Nord, chargé d’engager les pourparlers.

Voilà plusieurs mois en effet qu’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) ne veut plus entendre parler de Compaoré pour régler « sa » crise. Le président malien reproche à son encombrant voisin non seulement d’héberger à Ouagadougou plusieurs chefs de la rébellion, mais en plus d’en être très proche.

Quant à l’Algérie, elle est depuis plusieurs années la médiatrice attitrée des crises maliennes ; et plusieurs personnes, dans l’entourage d’IBK, ont leurs entrées dans ce pays – dont son fils, Karim Keïta, et le ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga.

Une plateforme commune au MNLA, au HCUA, au MAA et aux milices sédentaires

Dès le début, les choses sont claires : Alger a pour mission d’engager « des discussions exploratoires » visant à permettre aux différents groupes armés du Nord-Mali de s’entendre sur des revendications communes, mais en aucun cas d’aller plus loin.

Pour IBK, en effet, il est hors de question que les négociations aient lieu ailleurs qu’à Bamako. Mi-janvier, des représentants du MNLA, du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) – tous deux à forte dominante touarègue -, du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et de la galaxie des milices sédentaires (Ganda Koy et Ganda Izo notamment) se sont donc retrouvés dans la capitale algérienne.

Le 16, ils ont signé une plateforme commune aux contours flous – il y est notamment question du respect de l’intégrité territoriale du Mali. Mais au dernier moment, le patron du MNLA, Bilal Ag Acherif, a refusé d’apposer sa signature au projet de communiqué final, au motif que le représentant du MAA, un groupe traversé par de fortes divisions (comme le MNLA), n’était pas légitime. « On croit rêver ! » s’étrangle un diplomate malien.

L’Algérie s’est engagée à rassembler une nouvelle fois les quatre groupes dans les prochaines semaines.

Mais elle a mal pris la volte-face d’Ag Acherif. « Les Algériens parlent d’une interférence étrangère, française ou burkinabè », indique un médiateur. Il faut dire que la France est très réservée sur la capacité de l’Algérie à faire la paix au Nord-Mali.

Il faut dire, aussi, que dès le début, le MNLA était réticent à l’idée de se rendre à Alger. Ramtane Lamamra, le ministre algérien des Affaires étrangères, avait des positions fort peu favorables aux rebelles lorsqu’il était commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, jusqu’à l’année dernière.

Quant aux services de renseignements algériens, qui chapeautent eux aussi les discussions, ils sont plus proches des Ifoghas – et donc du HCUA – que du MNLA, qu’ils soupçonnent d’être instrumentalisé par la France.

C’est là qu’intervient M6. Selon un médiateur de l’ombre, c’est le MNLA qui a sollicité une rencontre avec le souverain. Plusieurs analystes se disent surpris par cette initiative – jamais le Maroc n’avait mené de médiation avec les Touaregs – et voient dans le fait que le roi ait accepté de recevoir Ag Acherif une volonté de contrecarrer l’hégémonie de l’Algérie dans une région où Rabat tente de rasseoir son influence.

Certains y décèlent même la patte du Burkina, qui n’a pas dit son dernier mot. Au lendemain de la signature de la plateforme à Alger, Compaoré a dépêché Djibrill Bassolé, le ministre des Affaires étrangères, auprès d’IBK. Le premier a rappelé que cette crise avait déjà un médiateur.

Le second a rétorqué que le Mali ne récusait pas le Burkina mais entendait se réapproprier le dossier.
Le Burkina a-t-il tenté de court-circuiter la médiation algérienne en impliquant le Maroc ?

L’axe Rabat-Ouaga fonctionne bien, et il se trouve que l’un des conseillers de Compaoré, chargé notamment de faire le lien avec les Touaregs, effectue souvent le déplacement au Maroc.

Récemment, ce même conseiller (qui n’a pas toujours été en bons termes avec les services algériens) a d’ailleurs reçu Ag Acherif dans sa demeure à Ouagadougou.

Pourtant à Bamako, on affirme qu’il n’y a aucun malaise. « Dès qu’il a été sollicité par le MNLA, M6 a appelé IBK pour lui demander s’il devait les recevoir, affirme un collaborateur du président malien. IBK a dit oui, parce qu’il pense qu’il faut encourager toutes les bonnes volontés.

Le roi a donc vu Ag Acherif et, selon ce que nous savons, il lui a fait comprendre qu’il n’avait d’autre choix que de négocier. »

M6 devrait effectuer la prière du vendredi à Tombouctou

M6 et IBK sont en très bons termes, rappelle-t-on au Mali. Il est d’ailleurs prévu que le souverain, qui a entamé mardi 18 février une visite de cinq jours au Mali après y avoir déjà passé trois jours en septembre, effectue la prière du vendredi à Tombouctou.

« Il n’y a pas d’embrouille, Alger garde la main sur les discussions exploratoires », assure un diplomate malien, qui a bon espoir que les pourparlers démarrent dans les prochaines semaines.

Pour cela, il faudra que les groupes insurrectionnels trouvent enfin un terrain d’entente ; que leur désarmement, exigé par IBK, soit effectif ; et qu’il n’y ait pas de nouvelles interférences dans la médiation.

rfi

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