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Au Mali, Al-Qaïda n’est pas une hydre mais un caméléon (2/2)

En combattant une hydre à la place d’un caméléon, on risque de manquer la cible et de ne pas apporter de solutions. 

L’intervention française répond à un souci de rassurer les indispensables soldats tchadiens. Car la France va, de nouveau, remporter une victoire facile. Elle sécurisera les élections législatives maliennes de novembre. Sans rien résoudre sur le fond. Et à moyen terme, on aura encore besoin des Tchadiens contre AQMI.

C’est la raison pour laquelle il reste sur place 3.200 militaires français et 5.000 soldats sous drapeau de l’ONU. Parce que rien n’est résolu. Les ennemis se sont aguerris et perfectionnés, sont devenus plus coriaces et plus malins, évitant de se faire localiser, ou utilisant des grilles de codage permettant de masquer la voix dans les communications téléphoniques.

Le choix du mot « hydre » pour baptiser une telle opération relève de l’auto-justification et de la com’. Pourchasser une hydre implique une lutte sans fin contre un ennemi qui renaît sans cesse. On explique ainsi, sans se déjuger, que l’armée française n’ait pas remballé. Et même qu’elle soit obligée de rempiler. Qu’une nouvelle guerre soit nécessaire contre un ennemi déclaré vaincu au printemps dernier.

La posture de l’agresseur

L’intervention française a donné au Mali le statut de terre musulmane agressée. Le fidèle peut légitimement y mener deux combats : la guerre sainte (jihad) et le retour aux sources (hijra). Cet engagement permet de se ressourcer au folklore en mangeant une antilope assis en tailleur autour d’un feu de camp. Il fournit même ce qui n’est pas prescrit par l’islam mais très prisé : technologies de pointe et 4×4 puissamment motorisés.

Le mythe du révolutionnaire ascétique se combine alors au rêve de mener la belle vie. Les jihadistes découverts par l’armée française au Mali n’étaient pas tous des fous de dieu fanatisés par un long endoctrinement. Il y avait aussi des adolescents de quinze ans attirés par l’image du fier combattant serrant sa kalachnikov en roulant à tombeau ouvert. Les gros pick-up Toyota, c’est beaucoup plus moderne que les dromadaires de papa…

Ainsi, les abcès de fixation perdurent. Les dollars déversés sur des structures traditionnelles attisent la corruption. Les fouilles-à-corps de va-nu-pieds locaux par des soldats occidentaux harnachés comme des demi-dieux donnent une image désastreuse. La disproportion des forces militaires alimente le thème du martyre de l’islamisme encerclé par les Croisés. Cela nourrit un ressentiment réclamant vengeance contre des infidèles (les Français) et leurs alliés traîtres à l’islam (les Tchadiens).

L’islam a un aspect sectaire : lui seul est habilité à stopper l’islamisme. Une force qui n’émanerait pas de l’islam et tenterait de contrarier l’islamisme serait contre-productive et le renforcerait. C’est du sein du monde musulman que l’islamisme doit être repoussé par des contre-pouvoirs. Et c’est d’un processus de démocratisation interne que ces contre-pouvoirs vont pouvoir surgir et s’affirmer durablement. Parce que la démocratie répond à une aspiration partagée par la plupart des hommes. Dans un mois et demi, cela fera tout juste 3 ans que les révolutions arabes ont débuté. Contrairement aux pronostics, aucun pays n’a sombré dans une dictature islamiste. Raison de plus pour que l’Occident cesse d’envoyer des corps expéditionnaires en terre d’islam.

La théorie des bases-arrières

La théorie des bases-arrières prétend qu’on ne peut pas laisser prospérer un Etat qui servirait d’arrière-cour au terrorisme international. Mais en ce début de 21ème siècle, l’Occident peine à influer sur le destin de territoires qui servent de refuge aux jihadistes. Ces contrées désertiques ou escarpées, façonnées par une topographie rugueuse et une histoire immuable sont rebelles au constructivisme imaginé par l’Occident pour les détacher de leur porosité avec le jihadisme.

La guerre asymétrique que livre l’islamisme armé consiste à attirer l’Occidental dans cet environnement où son avantage comparatif technologique s’émousse. Les missiles ratent souvent leurs cibles. Les satellites espions peinent à discerner un jihadiste d’un autochtone semblablement accoutré. Tactique caméléon d’al-Qaïda.

Guerre d’usure et guerre psychologique. Le jihadisme a besoin de puiser des fonds et des hommes. Il se paye sur la bête en se livrant au trafic de drogue et d’otages. Et quelques nababs lui reversent une partie de leurs pétrodollars, comme s’ils cotisaient à un organisme caritatif.

Mais c’est surtout à l’opinion publique musulmane et à la rue arabe que s’adresse cette entreprise de séduction. Face à l’hégémonie américaine, le jihadisme s’arroge le mythe romantique de l’insoumission absolue et s’attire la sympathie d’une posture à la David contre Goliath. C’est donc l’Occident qui fabrique l’hydre en voulant éradiquer le caméléon.

source : marianne

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