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Trois républiques, trois modes de gestion de la crise touareg

De l’indépendance à nos jours, le Mali a connu trois républiques, trois perceptions et trois modes de gestion de la question touareg.

La première république a opté pour une gestion militaire de la rébellion.

A la naissance du jeune Etat on ne pouvait pas tolérer une quelconque velléité sécessionniste qui saperait la cohésion et l’unité nationale, l’exemple du Biafra était encore dans les esprits. Aussi la première rébellion a-t-elle été matée militairement et le nord placé sous administration militaire. Le gouverneur était militaire et chef du commandement militaire de la région, les enseignants, les médecins et le personnel de l’administration étaient quasiment des militaires. C’est pendant cette période de gestion kaki que semble t-il beaucoup de bavures auraient été commises par le personnel militaire sur les populations civiles touareg du nord au point d’en laisser une image négative dans la conscience populaire et nourrir la haine et la phobie des touareg contre l’armée et ses soldats. Ce qui poussera les touaregs à demander, dans les différents accords successifs tantôt l’allègement du dispositif militaire, tantôt la démilitarisation ou le désengagement de l’armée des régions du nord, une revendication d’honneur pour les touareg mais inacceptable pour un état souverain.

La deuxième république a opté pour une gestion politique de la rébellion.

L’Etat s’avise et fait allégeance avec les grandes familles notables du nord pour contenir toute velléité. Contrairement au sud où la route attire comme un aimant les villages, au nord les familles notables ont préféré chasser les tribus touareg aux confins des brousses de façon à ne leur permettre de connaitre de la réalité malienne que ce que eux ils leur disaient. Tous les projets de développement passaient alors par eux qui en faisaient souvent une gestion paternaliste au détriment des intérêts des vrais bénéficiaires. Les chefs de fractions nomades n’étaient associés à la gestion des choses que selon le vouloir de ces grandes familles. A Kidal c’était la famille du vénérable patriarche Ag Intallah, à Ménaka la famille des Bajans descendants de l’amenokal Firhoun et à Tombouctou par les arabes Kounta.

La troisième république a opté pour une gestion démocratique de la rébellion.

Elle va remettre en cause la super suprématie des grandes familles notables minoritaires au profit de tous les cantons et fractions nomades. L’Etat va prendre la décision historique non sans conséquence d’intégrer les anciens rebelles dans les forces armées et de sécurité dont la majorité des combattants ne sont pas des familles notables. L‘intégration des rebelles dans l’armée sera un couteau à double tranchant. Côté positif, les nouveaux chefs militaires issus, pour la plupart de tribus considérées jadis comme de seconde classe, vont être les nouveaux repères et portes paroles de leurs communautés qui ne passeront plus par les familles notables pour la résolution de leurs problèmes de survie et de protection. Côté négatif qui va sonner le glas à l’Etat, c’est la connaissance de l’armée et de son mode de fonctionnement par ces nouveaux chefs militaires impatients et voulant tout d’un Etat pauvre qui ne peut satisfaire par un coup de baguette magique toutes les revendications de développement des régions du nord fussent-elles légitimes. Ne connaissant que le métier de Mars, ils vont à chaque fois que les ressources attribuées par l’Etat deviennent rares, dont certaines ont été détournées à d’autres fins, reprendre le maquis en oubliant que le sud a aussi les mêmes revendications de développement, mais qui s’abstient de revendiquer par les armes et la violence. L’autre lecture est que les touareg sont restés les seules ethnies du Mali à refuser systématiquement tout brassage considérant les Noirs comme inferieurs et inaptes à les gouverner. En définitive, le seul tort du Mali est d’être un pays pauvre, et l’Etat trop faible pour faire accepter la règle démocratique comme seule arme de combat pour le changement.

O’BAMBA

SOURCE : Inf@sept

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Modibo TEMBELY est co-administrateur de ce site web.

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