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Djihadiste, mais surtout capitaliste !

Le monde entier a découvert cette semaine, suite à de multiples publications dans la presse, la plus importante évasion fiscale jamais organisée. Plus de 150 états sont touchés, et le Mali n’est malheureusement pas épargné.

Alors que de nombreux pays étrangers s’offusquent de voir des responsables politiques, des stars et bien d’autres parmi les bénéficiaires de cette gigantesque opération, nous constatons qu’au Mali, des djihadistes sont probablement sur les listes !

180 milliards de dollars détournés en mois de 6 mois par plus de 100.000 clients : ces chiffres donnent le tournis. De nombreux pays commencent à enquêter sur cette opération d’envergure orchestrée durant la période 2006-2007 par la filiale Private Bank HSBC en Suisse.

Personnalités, médecins, avocats, chefs d’entreprise, le profil des personnes ayant bénéficiées de cette fraude est très varié. Afin de faciliter la compréhension de cette vaste opération, l’association à l’origine de ces révélations a mis en ligne une partie de la base de données.

En s’intéressant à notre pays, on se rend compte que le Mali se classe à la 102e position pour un montant total avoisinant les 107 millions de dollars répartis entre 70 clients (dont un représente plus du tiers de cette somme !).

Dans un pays en voie de développement, au sein duquel la guerre gronde depuis plusieurs mois, où des milliers de personnes, dont des enfants, ne peuvent pas manger à leur faim, comment peut-on décemment se tourner vers l’évasion fiscale pour toujours amasser plus ?

Qui sont ces quelques 70 parias qui, au mépris de toute considération humaine, ont outrageusement poussé le système capitaliste dans ses retranchements les plus obscurs ? Une partie de la réponse se trouve certainement du côté de l’argent sale.

Plusieurs sources ont confirmé que des noms étaient liés à des groupes de narcotrafiquants, de trafics d’armes et même à des mouvances islamistes comme Al Qaida. En même temps, rien d’étonnant, quand un groupe est prêt à tuer, piller, kidnapper, violer, pourquoi ne profiterait-il pas des facilités budgétaires, certes illégales, qui sont à sa portée ?

Mais quand on connaît les imbrications entre certains groupes radicaux à l’origine de l’instabilité de notre pays et Al Qaida, il semble assez légitime de s’interroger sur les pratiques financières de ces derniers. Régulièrement, se pose la question du financement de groupes comme Ansar Eddine dont la proximité avec AQMI n’est plus à démontrer, nous tenons ici certainement une partie de la réponse.

Quand on connaît le train de vie de son chef, Iyad Ag Ghaly, qui encore récemment se targuait de recevoir des journalistes dans une vaste et luxueuse tente à proximité de Kidal, on comprend que l’argent coule à flot.

La participation à ce genre de pratique est un exemple supplémentaire du double jeu dans lequel s’inscrivent certains leaders extrémistes sur nos terres : prôner d’un côté la charia, qui interdit tout intérêt personnel, et de l’autre, profiter du capitalisme mondial pour financer son groupe, acheter du matériel, des armes, des recrues qui seront conduits vers la mort, mais surtout, profiter du capitalisme pour sa propre personne.

Nous pouvons le dire : djihadiste, mais surtout capitaliste !

Amadou KEL ULLI pour Malikahere

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