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Christine Lagarde: «Nous voyons la situation économique des pays de l’Afrique subsaharienne s’améliorer en 2014»

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) rentre d’une tournée en Afrique, où elle a visité successivement le Kenya et le Mali. L’occasion de faire le point sur la croissance et le dynamisme du continent. Entretien avec la Française Christine Lagarde au micro de Christophe Boisbouvier.

Quel taux de croissance espérez-vous pour l’Afrique subsaharienne en 2014 ?

Christine Lagarde : Nos prévisions sont de l’ordre de 6,5%.

Ce qui représente un point de plus que pour 2013 ?

Tout à fait. Nous voyons la situation économique s’améliorer sur l’année 2014, tout particulièrement sur les pays à faible revenu et notamment les pays d’Afrique subsaharienne.

Et quel est le moteur de cette croissance ?

D’abord une reprise un peu plus globale, puisque vous savez que les économies avancées, notamment les Etats-Unis, mais également le Japon, et à un moindre degré l’Union européenne, sont en train de consolider un mouvement de reprise, fragile encore, mais un mouvement de reprise.

Et puis les pays émergents qui ont eu une bonne politique budgétaire, qui ont été très attentifs à ne pas faire d’excès pendant la période de la crise financière, sont en bonne posture pour tirer parti d’une croissance qui s’améliore dans le monde.

Depuis quatre ans la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique subsaharienne. Est-ce que les pays occidentaux ont décroché pour toujours ?

Cette participation de la Chine sur l’échiquier international et en particulier en Afrique subsaharienne, correspond tout simplement à la montée en puissance de l’économie chinoise. Par ailleurs, les économies avancées ont pour un certain nombre d’entre elles, soit tenu leur rang, soit perdu un peu de terrain. Ça c’est l’intervention d’un nouveau grand joueur sur l’échiquier international.

En dix ans, la France a perdu la moitié de ses parts de marché en Afrique. Est-ce que ce déclin vous paraît irréversible ?

Je ne vais pas vous répondre sur une question précise, relative à la France et à la politique d’exportation française, parce que c’est le principe de non-intervention du directeur général du FMI sur les affaires franco-françaises.

Ce que je vous redis c’est que de grands pays émergents comme la Chine, mais aussi comme le Brésil, comme l’Inde, comme la Russie, prennent une place plus importante dans le concert des nations économiques, et que dans ces conditions-là, les joueurs traditionnels, les économies avancées traditionnellement partenaires de l’Afrique subsaharienne, laissent de la place aux nouveaux arrivants.

Il y a quelques mois, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria a lancé : « la Chine s’empare de nos matières premières et nous vend des produits manufacturés. C’est l’essence du colonialisme ». Est-ce que vous êtes d’accord avec lui ?

Le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria a toujours des formules assez percutantes et un peu provocatrices délibérément. C’est une bonne chose d’ouvrir le débat.

Mais je constate par exemple au Mali, où j’étais en fin de semaine, que la Chine est présente – pas seulement pour acheter des matières premières – mais aussi pour construire de grands travaux d’infrastructure, pour participer à l’aide bilatérale, pour être aux côtés de gouvernements africains dans des pays qui sortent de situations conflictuelles.

Donc c’est un peu réducteur que de dire que les Chinois achètent des matières premières et vendent des produits manufacturés. Ils font beaucoup d’autres choses. Et au fur et à mesure qu’ils se développent à l’international, ils utilisent toute la palette des instruments d’intervention.

Mais tout de même, dans l’industrie de transformation, est-ce qu’il n’y a pas de grosses carences et est-ce que les pays d’Afrique de l’Est peut-être peuvent montrer la voie à suivre ?

Les pays d’Afrique de l’Est sont déterminés à le faire. J’étais au Kenya en début de semaine dernière ; très clairement, les autorités kenyanes veulent développer, non seulement les extractions de nouvelles matières premières correspondant à des découvertes, soit dans le domaine du pétrole, du gaz et plus récemment encore de l’eau, mais veulent également participer à l’ensemble de la chaîne de développement.

Donc ce qui se passe en Afrique de l’Est et dans des pays comme le Kenya, le Mozambique, la Tanzanie, on le verra certainement aussi se réaliser dans des pays d’Afrique de l’Ouest. Le Mali, par exemple, est déterminé à développer la filière agroalimentaire à partir d’un potentiel d’agriculture extrêmement important. Et c’est la voie à suivre.

Et en matière d’intégration économique, est-ce que l’Afrique de l’Est peut être aussi un modèle pour les autres régions du continent ?

Sans doute. Mais je crois qu’il y a déjà un commerce dans la sous-région. Quand on regarde par exemple, les relations entre la Côte d’Ivoire et le Mali, le Niger…

Ce sont des pays qui sont en train de tisser un réseau économique sous-régional, qui est un petit peu la résultante aussi de leurs accords économiques, monétaires et douaniers dans le cadre de l’Union économique.

Au Mali, la communauté internationale a promis une aide de plus de trois milliards de dollars. Mais la corruption est ancrée depuis longtemps dans ce pays. Est-ce que vous ne craignez pas de gigantesques détournements de fonds ?

Deux choses : d’abord, le président Keïta, son Premier ministre et l’ensemble de son gouvernement, sont déterminés, et l’affichent publiquement à la différence du passé, à lutter contre la corruption, à donner l’exemple au plus haut niveau de l’Etat et à mettre en œuvre des politiques de traçage des finances publiques, de traçage des achats publics, de transparence sur les passations de marchés qui me paraissent de bon augure pour lutter contre la corruption et l’« éradiquer ».

J’utilise un mot que le président Keïta me mentionnait lors de notre entretien. Ca me paraît de très bon augure. Deuxièmement, les pays qui ont pris des engagements de dons, soutiens budgétaires, de financements et d’aides au Mali, ne réaliseront leurs engagements que s’ils sont assurés que la dépense est utilisée à bon escient. Et je crois que le suivi de la dépense, le compte qui sera rendu de l’utilisation des deniers donnés ou prêtés, sera déterminant pour la réalisation des engagements qui ont été pris.

source: rfi

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