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Mali: pendant ce temps à Dakar, ATT attend d’être fixé sur son sort

L’enquête pour haute trahison visant Amadou Toumani Touré (ATT) progresse. Mais la procédure est loin de faire l’unanimité. Résultat : à Bamako, on spécule, et, à Dakar, où l’ex-président est réfugié, on attend.

Haute trahison. L’accusation fait froid dans le dos, si bien que personne dans l’entourage d’Amadou Toumani Touré (ATT) ne songerait, malgré l’incompréhension qu’elle suscite, à la prendre à la légère. Dans la villa, habituellement réservée aux hôtes de marque (et de passage) des autorités sénégalaises, qu’occupent l’ancien président malien et sa suite depuis leur rocambolesque fuite de Bamako, le 19 avril 2012 – et qui, savoureux détail, est à deux pas de la cellule dans laquelle croupit depuis dix mois un autre ex-chef d’État, le Tchadien Hissène Habré, en attendant son éventuel procès -, on n’en parle pas ouvertement, mais elle est dans tous les esprits.

ATT, autrefois érigé en héros de la démocratie en Afrique, putschiste ayant remis le pouvoir aux civils au bout d’un an, président élu et réélu, qui jamais n’envisagea de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir et qui s’apprêtait à le rendre quand quelques sous-officiers en colère se mirent en tête de le lui arracher, pourrait-il être reconnu coupable d’avoir trahi son peuple ? « Ridicule, souffle un proche qui lui rend régulièrement visite. Certes, il a commis des erreurs – et encore, pas tant que cela – et il doit s’expliquer. Mais pas devant un tribunal. Et surtout pas pour ce crime-là ! »

Une enquête nourrie par des dénonciations

Pour l’heure, ATT attend. Il lit beaucoup, des biographies notamment. Mais n’a reçu aucun courrier officiel l’informant des poursuites à son encontre. Comme tous les Maliens, il a appris la nouvelle dans la presse, à la fin de l’année dernière. Le 27 décembre précisément. Ce jour-là, le gouvernement annonce qu’il vient de transmettre à l’Assemblée nationale, siège de la Haute Cour de justice (seule juridiction habilitée à juger l’ancien chef de l’État), une lettre de dénonciation « des faits susceptibles d’être retenus contre Amadou Toumani Touré pour haute trahison ». La charge est violente : le président déchu aurait « facilité la pénétration et l’installation des forces étrangères [les groupes jihadistes] sur le territoire national en ne leur opposant aucune résistance », mais aussi « détruit ou détérioré volontairement » l’outil de défense nationale et « participé à une entreprise de démoralisation de l’armée ».

Depuis, plus de nouvelles. Dans l’entourage d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), l’actuel président, on assure que « la procédure suit son cours ». Pendant que la Haute Cour de justice est mise sur pied et que les députés choisissent ses membres parmi eux (neuf titulaires, assistés de trois magistrats, et neuf suppléants), l’enquête progresse, indique un proche d’IBK. Conduite directement depuis le ministère de la Justice, elle pourrait ensuite être confiée à un juge d’instruction. Selon la même source, elle serait nourrie par des comptes rendus d’écoutes téléphoniques, des traces de transferts d’argent, mais aussi de nombreuses dénonciations. Des hommes d’affaires et d’anciens collaborateurs d’ATT auraient apporté des dossiers impliquant l’ancien président. « Je ne les cherche pas, ils viennent à moi », affirme Mohamed Ali Bathily, le ministre de la Justice.

Aujourd’hui, c’est lui qui mène la danse. IBK, affirme-t-il en aparté, ne lui a jamais demandé de poursuivre ATT, même s’il avait claironné son intention de le faire durant la campagne électorale. À ses proches, le président dit vouloir faire confiance aux juges. Pour lui, puisqu’il faudra identifier et indemniser les victimes, il est normal que son prédécesseur rende des comptes. Des informations lui ont été transmises, selon lesquelles l’outil de défense nationale aurait fait l’objet d’une véritable gabegie pendant des années.

Ce à quoi l’entourage d’ATT rétorque qu’entre la première élection de ce dernier, en 2002, et son renversement, le budget militaire a été multiplié par deux et que, « contrairement à ce que l’on veut faire croire, les soldats qui ont été au front en 2012 étaient très bien armés ». Pour un proche de l’ancien président, « le juger serait une erreur majeure, [une procédure] sans fondement et qui n’irait pas dans le sens de l’apaisement ». Même parmi les soutiens d’IBK, l’idée de poursuivre son prédécesseur est loin de faire l’unanimité. Un éventuel procès pourrait avoir un double effet : cathartique… et boomerang. Il pourrait devenir celui d’un système plutôt que d’un homme : la fameuse « démocratie consensuelle » à laquelle tout le monde a participé, y compris l’actuel président et certains de ses ministres.

Ni rancune ni vengeance

« Ce procès est important pour comprendre les mécanismes qui ont mené à la chute du pays, réplique-t-on au palais de Koulouba. ATT était le chef suprême des armées. Comment expliquer que 3 500 tonnes de matériel militaire [à destination des jihadistes et des rebelles touaregs] aient pu entrer sur notre territoire ? Pourquoi les appels au secours de nos soldats n’ont-ils pas été entendus ? Les Maliens ont le droit de savoir pourquoi le pays a été humilié. » Et l’entourage présidentiel de jurer qu’il ne s’agit « ni de rancune ni de vengeance » et qu’IBK « ne protégera pas ATT, pas plus qu’il ne l’enfoncera ».

Ce dernier sera-t-il contraint, à 65 ans, de quitter son refuge dakarois et de retrouver sa terre les mains menottées ? Lors de la visite d’État d’IBK au Sénégal, mi-avril, Macky Sall lui a assuré qu’il se plierait aux décisions de la justice malienne. Mais le chemin est encore long pour mener ATT devant les tribunaux. Peut-être même s’agit-il d’une impasse.

 

De vieilles connaissances

Faut-il voir dans la volonté affichée de Mohamed Ali Bathily de poursuivre Amadou Toumani Touré (ATT) l’expression d’une vieille rancune ? L’entourage de l’ex-président n’est pas loin de le croire, mais le ministre de la Justice s’en défend. Il s’agit, quoi qu’il en soit, d’un pied de nez à l’Histoire. Avant de se rapprocher d’Ibrahim Boubacar Keïta, dont il est l’un des hommes de confiance au sein du gouvernement, Bathily fut en effet un très proche collaborateur d’ATT, après avoir été, entre 1986 et 1989 sous Moussa Traoré, un cadre du ministère de la Justice. Lorsque ATT, alors lieutenant-colonel, déposa Traoré et prit le pouvoir en mars 1991, il donna les clés de son cabinet durant la transition à ce juriste renommé, avant de l’envoyer en 1992 jouer les ambassadeurs… à Dakar.

Source: Jeuneafrique

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