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Mali : l’insécurité trouble (aussi) les élections

L’insécurité dans le Nord, et de plus en plus dans le Sud, a conduit le gouvernement à décider un énième report des scrutins régionaux et communaux. Même l’opposition acquiesce : c’est dire !

«Les reports finissent par créer des dénis de droit. On ne peut pas y recourir indéfiniment. » À la mi-septembre, face aux représentants des partis politiques, Abdoulaye Idrissa Maïga, le ministre de l’Administration territoriale, semblait tenir pour acquis que l’élection des conseillers communaux, des conseillers régionaux et des conseillers du district de Bamako se tiendrait bien le 25 octobre, conformément au calendrier annoncé six mois plus tôt par le gouvernement.

Le Mali pouvait-il se permettre de repousser plus longtemps, en dépit d’une situation sécuritaire défaillante, cette échéance électorale initialement prévue en avril 2014 (pour les communales) et qui avait déjà fait l’objet de trois reports successifs après avoir été couplée avec les régionales ?

« La léthargie doit-elle continuer ? » s’interrogeait le ministre, tout en faisant observer que le mandat des élus locaux était arrivé à échéance depuis dix-huit mois.

Dans les régions de Kidal, Tombouctou, Gao ou Mopti, des gouverneurs, préfets et sous-préfets ont en effet dû abandonner leur poste face à la menace terroriste

Las ! Ce 23 septembre, un communiqué officiel annonçait le report sine die du double scrutin. Certes, rarement depuis l’accession au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) une mesure aura suscité un tel consensus au sein de la classe politique et des groupes armés, parties prenantes à l’accord de paix d’Alger signé en juin.

« Il est impossible de tenir ces élections car les autorités maliennes ne sont pas représentées sur l’ensemble du territoire », résume Tiémoko Sangaré, le président de l’Adema-PASJ, parti membre de la majorité présidentielle.

Dans les régions de Kidal, Tombouctou, Gao ou Mopti, des gouverneurs, préfets et sous-préfets ont en effet dû abandonner leur poste face à la menace terroriste. Comment, dans ces conditions, les candidats pourraient-ils faire campagne, et l’État assurer la bonne tenue du scrutin ?

Même son de cloche au sein des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare An Ka Wuli), un parti d’opposition.

« Les conditions qui ont justifié ces reports successifs n’ont pas évolué, le retour de l’Administration dans les régions du Nord n’est pas encore effectif », avertissait en août leur président, Modibo Sidibé, ajoutant qu’il en allait de même pour celui des réfugiés et que « les conditions sécuritaires restent des plus précaires ».

Un point de vue que partage Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition, pour qui il convient de prolonger le mandat des élus locaux jusqu’à ce que les obstacles au scrutin aient été surmontés.

Les raisons du report

En juillet-août puis en novembre-décembre 2013, à la suite de l’accord signé en juin à Ouagadougou entre les autorités de la transition et les groupes rebelles touaregs, les élections présidentielle et législatives avaient pu se tenir du nord au sud du pays.

Mais « après les événements de mai 2014 à Kidal, l’État a reculé », reconnaît Soumeylou Boubeye Maïga, l’ancien ministre de la Défense déchu après la débâcle de l’armée malienne dans le fief des Ifoghas, sur fond d’exécution de plusieurs préfets et sous-préfets.

Censé définir les conditions d’une normalisation définitive dans le nord du pays, l’accord d’Alger vient compliquer la tâche du ministre de l’Administration territoriale.

En effet, le texte prévoit l’élection des conseillers régionaux et celle du président de l’assemblée régionale au scrutin universel direct, alors qu’ils sont aujourd’hui élus au suffrage indirect.

Ce qui implique que la loi électorale doive être révisée pour être mise en conformité avec l’accord, sauf à entériner un régime à deux vitesses en matière de collectivités territoriales.

Par ailleurs, le texte signé à Alger fixe pour les régions du Nord une période transitoire de dix-huit à vingt-quatre mois avant que des élections puissent s’y tenir.

Ce qui a conduit les frères ennemis de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et de la Plateforme des mouvements d’autodéfense, loyaliste, à demander d’une même voix un énième report du scrutin.

Le Mali aura désormais huit petits IBK, ironise Tiébilé Dramé. Une allusion aux pouvoirs, jugés exorbitants, des présidents de région

Dernier point de litige : l’État malien ayant entamé les négociations avec les groupes armés de la CMA dans un rapport de force défavorable, il a, selon l’opposition, fait la part belle aux revendications de ses interlocuteurs, entérinant une décentralisation poussée qui, selon plusieurs leaders politiques, flirterait avec une autonomie déguisée.

« Le Mali aura désormais huit petits IBK », ironise Tiébilé Dramé, le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), qui avait officié comme conseiller spécial au moment de l’accord de Ouagadougou. Une allusion aux pouvoirs, jugés exorbitants, des présidents de région tels qu’ils sont définis par l’accord d’Alger.

« Dans chacune de ces régions-États dotées de pouvoirs étendus, le président cumulera les fonctions de président de l’exécutif régional, de président de l’assemblée régionale et de chef de l’Administration », s’inquiète Dramé, qui rappelle en outre que les délibérations de l’assemblée régionale seront désormais exécutoires, l’État ne disposant plus que d’un pouvoir de contrôle a posteriori.

Pour le gouvernement, la tenue de ce scrutin couplé tourne donc au casse-tête. Un temps évoquée, l’hypothèse d’élections échelonnées – d’abord dans le Centre et dans le Sud, puis à Bamako et enfin dans les régions du Nord – a suscité la défiance de la classe politique.

« Organiser l’élection uniquement dans les zones contrôlées par l’État reviendrait à cautionner la partition dans les zones à prétentions sécessionnistes », estime Tiémoko Sangaré, pour qui la seule issue au blocage actuel consiste à hâter la mise en œuvre de l’accord.

Source : jeuneafrique

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