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Mali : des Casques bleus pris entre deux feux

À Tabankort, où ils s’interposaient entre groupes loyalistes et rebelles, les soldats de l’ONU ont fini par tirer sur ces derniers. Puis, à Gao, sur des manifestants qui s’en prenaient à leur camp. Sont-ils dépassés ?

Ce ne devait être qu’une bataille pour le contrôle d’une localité, Tabankort, perdue au milieu des dunes. Un accrochage de plus entre deux milices, venant s’ajouter à la litanie des entorses au cessez-le-feu en vigueur dans le Septentrion.

Mais le Mali est un pays à bout de nerfs : c’est devenu « l’affaire » de ce début d’année. Elle a eu des répercussions jusqu’au siège des Nations unies à New York et elle a obligé Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à annuler sa participation au sommet de l’Union africaine.

Pour la première fois depuis son élection il y a dix-huit mois, le président malien a franchi le 16e parallèle, au-delà duquel se trouvent les villes qui furent occupées par les jihadistes en 2012.

Tout a débuté le 15 janvier. Ce jour-là, les responsables de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) reçoivent des rapports alarmants : les pick-up se massent autour de Tabankort, les combats sont imminents.

Cette ville a été conquise en juillet 2014 par les groupes armés favorables à Bamako, réunis au sein de la Plateforme des mouvements patriotiques, parmi lesquels le Gatia (Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés), une milice touarègue dont les liens avec l’armée sont un secret de Polichinelle, et la branche loyaliste du MAA (Mouvement arabe de l’Azawad).

Passage obligé

Depuis, les groupes rebelles réunis au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad rêvent de « récupérer » cette localité. Pour eux, Tabankort revêt un intérêt majeur.

C’est une place militaire stratégique qu’il est bon de tenir alors que les pourparlers de paix doivent bientôt reprendre à Alger.

C’est aussi un passage obligé pour tous les trafiquants de la région. Comme le rappelle un diplomate européen, « les frontières entre certains groupes armés du Nord et les trafiquants de drogue sont extrêmement poreuses ».

Mi-janvier donc, les éléments de la Coordination se font menaçants. La Minusma, qui dispose d’une cinquantaine d’éléments sur place, les prévient – « nous nous interposerons » – et renforce son dispositif.

Le 21 janvier, les rebelles s’apprêtent à lancer l’assaut quand un hélicoptère des forces spéciales de la mission de l’ONU fait feu sur leurs positions.

Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) parle de sept morts – un chiffre invérifiable – et dénonce « l’absence de neutralité » de la force onusienne.

Les Casques bleus tirent à balles réelles

Très vite, la Minusma tente d’obtenir un accord avec les deux parties (la Plateforme et la Coordination) pour faire de Tabankort une « zone temporaire de sécurité », dans laquelle seuls les Casques bleus pourraient circuler en armes.

Mais cela ne plaît ni aux groupes loyalistes qui contrôlent cette localité, ni aux rebelles qui la convoitent, ni aux trafiquants qui en ont un besoin vital.

Le 27 janvier à Gao, des centaines de manifestants proches des milices loyalistes, à qui l’on a fait croire que la Minusma a passé un accord secret avec les rebelles (« une manipulation », dénonce-t-on à New York), se dirigent vers le camp onusien.

Les Casques bleus tirent à balles réelles. Le bilan est lourd : quatre morts et une quinzaine de blessés. « Ce crime ne sera pas impuni », a promis IBK le 29 janvier, dans une ville où on ne l’attendait plus. Le chef de l’État a également rappelé une évidence qui n’en est plus une pour un nombre croissant de Maliens : « La Minusma n’est pas notre ennemie, c’est notre amie. »

Dès le 28 janvier, l’ONU (qui a d’abord nié les tirs à balles réelles) a annoncé l’ouverture d’une enquête et le retrait de son « projet de sécurisation » de Tabankort.

Quelques heures plus tôt, dans la nuit, les milices loyalistes avaient lancé une violente attaque contre les positions des rebelles près de cette localité.

Le MNLA déplore six morts dans ses rangs (contre sept dans le camp adverse), et parle d' »une attaque kamikaze de grande envergure » à laquelle auraient pris part des « étrangers » à la solde de « narcoterroristes ».

Le Gatia revendique l’offensive mais nie les attaques-suicides, un procédé propre aux jihadistes. La bataille de Tabankort est aussi une guerre de communication.

source : jeuneafrique

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