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Mali : le-FMI-m’a-dit

En 2013, la croissance économique du Mali n’a atteint que 1,7 %. Pour relancer la machine, le Fonds monétaire international conseille vivement aux autorités de remettre à plat la fiscalité et les tarifs de l’électricité.

« La persévérance est le talisman du chasseur », dit un proverbe bambara. S’il veut se tirer d’affaire, le Mali devra s’en inspirer. Certes, de belles pluies et un cours de l’or avantageux lui avaient évité la récession en 2012.

Mais le regain de croissance espéré à la suite de l’intervention militaire française n’a pas été au rendez-vous de 2013. En effet, le rebond de l’industrie et des services a été annihilé par une météo défavorable et de mauvaises récoltes. On espérait une croissance de plus de 5 % ; elle n’a été que de 1,7 %.

Ce taux, inférieur à celui de l’accroissement de la population, signifie que les Maliens se sont appauvris. Les augures prévoient que la croissance atteindra 6,5 % cette année, la reprise de l’aide internationale aidant. Mais tout dépendra, encore une fois, de la saison des pluies.

Convalescence

Pour assister le pays dans sa convalescence, le Fonds monétaire international (FMI) a accepté de mettre entre parenthèses l’une de ses exigences : le budget de l’État sera « expansionniste », c’est-à-dire en déficit de 5 %, alors qu’il devait être en excédent. Dans d’autres domaines, en revanche, le Fonds maintient ses préconisations.

La première d’entre elles concerne la fiscalité. Les recettes de l’État « ont été inférieures de 5 % au montant prévu », explique Christian Josz, le responsable de la mission du FMI à Bamako. La baisse des prix de l’or, en 2013, y est pour beaucoup, mais il faut aussi incriminer, dit-il, « les faiblesses de l’administration fiscale ».

Pour les pallier, tous les responsables de l’administration des impôts ont été remplacés. Désormais, le recoupement des informations du fisc, des douanes et des marchés publics permettra de réévaluer les impôts des sociétés à leur juste niveau.
Hausse des tarifs

La deuxième recommandation concerne l’électricité. Incapable de fournir du courant aux particuliers et aux entreprises qui en ont besoin, Énergie du Mali (EDM) perd beaucoup d’argent.

Avec des tarifs qui n’ont pas augmenté depuis 2003, elle vend son kilowattheure 95 F CFA (un peu moins de 0,15 euro), alors qu’il lui coûte 145 F CFA. Conséquence : l’entreprise n’a pas les moyens d’investir pour apporter l’électricité aux 80 % de la population qui en sont privés.

Pourtant, « la subvention qu’elle reçoit chaque année de l’État équivaut au budget annuel de la santé ! » souligne Christian Josz. Le FMI et la Banque mondiale plaident pour une hausse des tarifs, que le gouvernement a limitée pour l’instant aux entreprises, et uniquement en période de pointe. Il faudra, un jour, faire preuve de plus de courage en la matière.

Aide décentralisée

Parmi les autres sujets de préoccupation figure la corruption. Pour que l’aide internationale soit efficace, elle ne doit pas se concentrer à Bamako, mais être décentralisée. Or, c’est dans les villages que les tentations seront les plus fortes…

Enfin, il y a le Nord, dont le développement constitue un énorme défi et ne se limite pas à la question sécuritaire. Quels services publics apporter aux nomades ? « Ils ont du mal à envoyer leurs enfants à l’école, explique Sébastien Dessus, économiste en chef pour le Mali, le Tchad, la Guinée et le Niger à la Banque mondiale. Il faudrait imaginer des services mobiles pour les accompagner. »

Quelles activités créer dans cette zone désertique où prolifèrent les trafics en tous genres ? « Il est vrai que cette contrebande est nuisible aux finances de l’État malien, répond Sébastien Dessus, mais elle permet aux populations locales de profiter du trafic des produits algériens subventionnés, biens alimentaires et pétroliers notamment. Il ne faut donc pas la combattre trop sévèrement car elle permet de survivre. »

Chantiers

L’économie du Nord reste un sujet éminemment politique. Et il n’y a pas de relance possible sans une aide internationale vigoureuse et soutenue. Officiellement, cette aide de 3,25 milliards d’euros sur cinq ans a été promise lors de la conférence de Bruxelles du 15 mai 2013, dans le cadre du Plan de relance durable.

« La volonté politique est indéniable, analyse Christian Reboul, de l’ONG Oxfam France. Mais on peine à comprendre s’il s’agit de nouvelles mesures. Sur le papier, l’apport de la France est très élevé, avec 380 millions d’euros promis. Mais la majeure partie de cette somme sera déboursée sous forme de prêts et non de dons.

Et elle prend en compte des projets déjà engagés, comme la station de traitement des eaux de Kabala, à Bamako. En fait, la France gère sa pénurie budgétaire. »

Le chemin de la croissance et de la démocratie est encore long. Les Maliens devront se montrer aussi tenaces que le chasseur bambara pour mener à bien les innombrables chantiers qui consolideront leur développement.

Source: Jeune Afrique

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