À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption, les jeunes et les éducateurs du Mali tirent la sonnette d’alarme. Le fléau touche désormais l’espace scolaire et universitaire, menaçant l’avenir de toute une génération et appelant à une mobilisation urgente pour restaurer l’intégrité.
Un phénomène alarmant dans le milieu éducatif
La Journée internationale de lutte contre la corruption, célébrée le 9 décembre, se déroule cette année sous le thème : « S’unir avec les jeunes contre la corruption : former l’intégrité de demain ». Au Mali, cette journée révèle une réalité préoccupante : la corruption s’enracine profondément dans le secteur de l’éducation, compromettant la qualité de l’enseignement et les perspectives d’emploi des jeunes.
Faguimba Traoré, responsable de projet à l’association Laboratoire de Comptabilité (ALC-Mali), dénonce cette situation : « La corruption est une triste réalité dans l’espace scolaire et universitaire. Beaucoup de jeunes obtiennent des diplômes sans jamais mettre les pieds dans une salle d’examen. Ils paient des personnes pour composer à leur place ». Il souligne que ces diplômes deviennent alors de simples « bouts de papier », dénués de toute valeur réelle.
Des conséquences désastreuses pour l’avenir des jeunes
Le pédagogue Dr. Seydou Loua confirme l’existence de pratiques telles que la vente de notes et de diplômes. Ces dérives ont des répercussions directes sur l’employabilité des jeunes. « Une personne qui obtient un diplôme sans compétences réelles aura beaucoup de mal à trouver un emploi. Cela peut sérieusement compromettre son avenir professionnel », avertit-il.
Il insiste sur le risque de créer une génération de diplômés sans qualification, ce qui non seulement nuit aux individus concernés mais affaiblit également le développement socio-économique du pays.
Le rôle essentiel des parents et des enseignants
Pour lutter efficacement contre ce fléau, Dr. Loua plaide pour une approche basée sur l’exemplarité des parents et des enseignants. « Les parents doivent inculquer des valeurs d’intégrité à leurs enfants en étant eux-mêmes des modèles. L’éducation à la maison joue un rôle crucial dans la formation de citoyens honnêtes », explique-t-il.
De plus, il appelle à une réforme des pratiques au sein des établissements scolaires. « L’école doit combattre fermement la vente de notes et de diplômes, et les autorités doivent appliquer des sanctions sévères », ajoute-t-il.
Une stratégie nationale contre la corruption
Pour répondre à cette problématique, le Mali a lancé en 2023 un plan quinquennal de lutte contre la corruption, doté d’un budget de plus de 6,7 milliards de FCFA. Ce plan vise à renforcer la transparence dans divers secteurs, y compris l’éducation, et à promouvoir une culture d’intégrité.
Une mobilisation pour sauver l’avenir
La lutte contre la corruption dans le système éducatif nécessite une implication collective : autorités, parents, enseignants et étudiants doivent unir leurs efforts. La construction d’un avenir meilleur repose sur une éducation intègre et de qualité, garantissant que chaque diplôme reflète de véritables compétences et connaissances. En formant dès aujourd’hui des jeunes honnêtes et responsables, le Mali peut espérer un futur où l’intégrité triomphe de la corruption.