BIGtheme.net http://bigtheme.net/ecommerce/opencart OpenCart Templates
Dernières Nouvelles
Home / A la Une / MALI. 150 soldats de plus à Kidal, est-ce suffisant ?

MALI. 150 soldats de plus à Kidal, est-ce suffisant ?

Après les assassinats des deux journalistes français, le ministre des Affaires étrangères a annoncé l’arrivée de renforts à Kidal. Le coup de force est à portée de main, mais quid de la stabilisation ? Eclairage.

Ils seront désormais près de 350 soldats français à Kidal pour assurer la sécurisation de la ville après les assassinats des deux journalistes français, Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé mardi 5 novembre, le redéploiement de 150 hommes venus de Gao où est positionné un bataillon tactique.

Les assassinats des deux Français ont mis en évidence le déficit sécuritaire au nord du Mali : sur 3.000 soldats français, environ 1.500 sont dans la boucle du Niger, 1.000 à Bamako, les autres dispersés sur le reste du territoire, dont 200 étaient dans la région de Kidal.

« Avec 200 soldats français, vous ne sécurisez pas le Champs-de-Mars à Paris », juge sévèrement Vincent Desportes, ancien directeur de l’Ecole de Guerre. « Et de plus, ces troupes n’étaient même pas dans la ville mais à l’extérieur… Or, la France a le savoir-faire pour sécuriser une ville. D’autant que Kidal n’est pas gigantesque, ce n’est ni Kaboul, ni Bagdad ! Mais il nous faut plus d’hommes… »

Un centre de gravité plus au sud

Des hommes, la France en a déployés mais plus au sud. Le 20 octobre, l’Etat-major annonçait qu’une opération d’envergure contre les terroristes, intitulée « Hydre » avait débuté au nord et au sud de la boucle du Niger, un peu au nord de Gao, à un millier de kilomètres au nord-est de la capitale.

L’opération de ratissage, qui s’est achevée dimanche, a mobilisé des moyens considérables : 1.500 soldats maliens, français et onusiens, des forces spéciales et des commandos. « Les forces sont concentrées à Bamako de manière à pouvoir sécuriser la capitale où il y a 6.000 ressortissants français et sur la boucle du Niger, où existent des nids résiduels de terroristes qui commettent régulièrement des attentats qu’il faut éradiquer », explique Vincent Desportes.

Loin, très loin de Kidal, bastion des insurgés touaregs, et un temps aux mains des islamistes, où les soldats des trois composantes y sont autour de 500. Les soldats français sont basés à l’aéroport, en dehors de la ville où les patrouilles s’aventurent rarement. Pourquoi ? « Tout simplement, parce que nous n’avons pas suffisamment de forces pour remplir l’ensemble des missions de sécurisation. Nous le faisons de manière séquentielle, notre centre de gravité est au sud, cela ne fonctionne pas, le Nord est devenu une zone tout à fait instable ».

Le ministre de la Défense malienne, Soumeylou Boubèye Maïga, a indiqué que les « forces qui y sont déployées n’ont pas une marge d’action qui leur permette d’être en permanence présentes sur les différents axes, le contingent de la Minusma qui est là-bas est plus ou moins cantonné, et la force française Serval ne dispose pas des effectifs pour sécuriser la ville. »

A l’état-major des armées en France, rien de surprenant à ce que les soldats français se trouvent en nombre réduit à Kidal. « Nous sommes dans une logique de renforcement ponctuel depuis Gao vers les endroits où l’on doit marquer des efforts. Cette approche dynamique a toujours été celle de Serval depuis la fin des offensives, en juin », assure le colonel Jarron, porte-parole de l’état-major qui reconnaît que les soldats français étaient « tournés vers des missions de sécurisation à l’extérieur de Kidal » et qu’aujourd’hui « on rajoute un volume pour épauler la Minusma et l’armée malienne, les Fama » dans la ville.

« L’armée française manque d’épaisseur stratégique »

Pour le spécialiste Vincent Desportes, c’est loin d’être suffisant. Selon lui, il est nécessaire « au minimum d’arrêter le retrait des troupes, et au mieux d’augmenter leurs volumes jusqu’à doubler les effectifs et atteindre les 6.000 hommes ». « Il ne nous faut pas simplement des armées capables de frapper un grand coup de poing, mais aussi capables de stabiliser.

En Libye, on ne s’est pas essayé à la stabilisation et on a produit un chaos terrible, dont la crise malienne a été en partie une conséquence. On ne peut pas avoir une armée de haute technologie réduite à un noyau de force dure. L’armée française manque d’épaisseur stratégique. On est capable de jouer le premier coup, mais ce qui est important c’est cette stabilisation.

Or, on sait bien que dans toutes les opérations, après la première bataille, que nous conduisons d’ailleurs remarquablement bien, il y a une période de sécurisation qui est toujours longue et qui demande toujours des effectifs importants. C’est ce qui s’est passé en Irak et en Afghanistan. Nous n’échapperons pas à la règle. »

Laurent Fabius ne semble pas partager ce jugement, puisqu’il a précisé que les soldats français seront « maintenus jusqu’au moment des élections, dans quelques jours » et que « ensuite, nous diminuerons ce nombre et en rythme normal il devrait y avoir un millier de soldats qui auront en particulier des tâches antiterroristes ».

« Nous ne sommes pas dans un dispositif statique : nous avons des bases à partir desquelles nous pouvons opérer dans les zones qui nous intéressent. De juin à septembre, les hommes stationnés à Gao ont passé 90 jours sur 120 à l’extérieur de la base pour des missions d’opérations ponctuelles, comme celle qui se déroule actuellement à Kidal, qui peut aller de quelques jours à plusieurs semaines et qui peuvent être combinées avec des hélicoptères ou des avions », souligne le colonel Jarron. « Les volumes évoluent en permanence. »

Sécuriser la ville

Selon les experts, la stratégie militaire ne va pas fondamentalement changer, mais le redéploiement des troupes va forcément bouleverser la situation à Kidal. A l’état-major des armées, on ne préfère pas commenter le sujet. Mais pour prévenir des attaques, les soldats seront sans doute amenés à mieux contrôler les entrées et les sorties de la ville en installant des check-point, mais aussi en établissant des points de contrôle à l’intérieur même de la ville.

Les troupes devront donc être protégées avec des véhicules blindés. Problème, la France a toujours voulu, pour des raisons politiques, rester discrète. L’armée s’est tenue à l’écart, estimant qu’à Kidal la solution ne pouvait pas être que militaire, mais qu’elle devait être trouvée entre les Touaregs et Bamako. Les Français seront-ils plus offensifs ? A Kidal, pour l’heure, peu de voix ont réclamé une présence accrue des militaires. Les troupes maliennes ne peuvent déjà pas avancer dans Kidal… « La sécurité de Kidal c’est avant tout l’affaire des Maliens », insiste le porte-parole de l’état-major. « Ce sont les Fama, appuyés par la Minusma que nous appuyons, qui doivent assurer la stabilisation du pays à laquelle nous contribuons. Nous n’arrivons qu’en troisième position. »

Vincent Desportes estime que « si nous voulons que notre opération ait eu un intérêt, nous devons jouer un rôle de premier plan et nous sommes obligés de tenir jusqu’au moment où on pourra passer le relais à la Minusma et aux Maliens ». « Et on n’en est pas à la veille. C’est pour cela que ces assassinats terribles sont un rappel à la réalité des choses : quand on fait la guerre, on ne sait pas où elle nous conduit et on doit admettre qu’il faut aller jusqu’au bout de ce que nous avons décidé. La guerre ce n’est pas une bataille, c’est la paix qu’on arrive à établir après. »

source : nouvelobservateur

About Malikahere

Check Also

Djihadistes : constructeurs ou destructeurs du Mali?

Koro : 2 enfants morts, 1 mutilé ! En cause les explosifs des djihadistes. Dans ...