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Gouvernance : 2014 : l’année de tous les échecs

Du 1er janvier au 31 décembre 2014, le peuple malien a vécu le calvaire d’une année noire où les pouvoirs publics ont failli à leurs devoirs de protection des populations et de respect des engagements.

La nomination d’un Premier ministre inexpérimenté, la défaite de Kidal et les scandales financiers ont fait de 2014 l’année la plus sombre du Mali depuis les indépendances.

L’année 2014 a été décrété année de lutte contre la corruption. Au contraire, elle fut l’année de la grande corruption que notre pays ait connue. Jamais de mémoire d’homme une surfacturation n’a été aussi scandaleuse que celle effectuée en 2014 sous le règne de Ibrahim Boubacar Keïta. Près de 40 milliards de FCFA de surfacturations sur deux marchés controversés, ont été révélés à l’opinion nationale et internationale par le Bureau du vérificateur général et la section des comptes de la Cour suprême.

Suite à l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel à 20 milliards de FCA et à celle du contrat d’armement évalué à 69 milliards de FCFA, avec un avenant qui le porte à 108 milliards, plus une garantie de l’Etat à hauteur de 100 milliards, le Fmi avait exigé un audit international. Mais, pour des raisons de souveraineté avancées, le gouvernement avait pu arracher auprès de l’institution monétaire l’obtention d’un audit par une structure nationale. Le Fmi désigne alors le Bureau du Vérificateur général. Le gouvernement, de son côté, a commis la section des comptes de la Cour suprême pour le même travail.

Mais, dans l’un et l’autre cas, les conclusions des deux structures sont fatales à la crédibilité du gouvernement. Elles mettent à jour des irrégularités notoires dans les processus d’achat de l’avion présidentiel (oiseau de malheur) et du contrat d’armement, mais aussi et surtout des preuves de surfacturations révélées de bout en bout dans la conclusion des deux affaires.

C’est la section des comptes de la Cour suprême qui a d’abord distillé le contenu de son rapport. Celui-ci révèle que l’avion présidentiel a été acquis à plus de 18 milliards de FCFA dans un contrat de gré à gré. « Ce n’est pas orthodoxe », qualifie le rapport. Qui révèle des surfacturations de 29 milliards de FCFA.

Le rapport du Bvg met également à nue, sur les deux affaires cumulées, des irrégularités financières de plus de 38 milliards de FCFA, dont plus de 29 milliards au titre de la fraude et près de 10 milliards au titre de transactions frauduleuses. Donc, les surfacturations passent de 29 à 38 milliards de FCFA entre la Cour suprême et le Bureau du vérificateur général.

La défaite de Kidal

Autre fait accablant de 2014, c’est la grande humiliation subie par l’armée malienne à Kidal.

La visite, le 17 mai 2014, du Premier ministre à Kidal, pour dit-il, s’assurer de l’effectivité de l’installation de l’Administration malienne dans cette partie du pays. Un voyage qui aurait été fortement déconseillé par les services de renseignement de la Minusma et de l’opération française Serval. Mais le « héros » a défié tout et s’est rendu à Kidal. Et les conséquences ont été plus que lourdes. Des administrateurs froidement exécutés par les envahisseurs.

Le 21 mai 2014, nos soldats montent au front et tentent de récupérer le Gouvernorat de Kidal. Face à la puissance de feu de l’ennemi, nos braves militaires devraient se replier. Les conséquences de l’attaque de Kidal sont incalculables à tous points de vue. Pertes en vies humaines considérables. Démoralisation des troupes. Un peuple humilié et abasourdi. Il a fallu le « sage appel » au cessez le feu unilatéral du président de la République IBK pour arrêter la boucherie occasionnée par la visite de son PM.

Par pure populisme, le Premier ministre, Moussa Mara, voulait réaliser un grand coup, en se rendant contre vents et marrées à Kidal, sans l’accord des groupes armés. Il voulait réussir là où son prédécesseur a échoué en novembre 2013. A l’époque, l’avion de l’ancien Premier ministre, Oumar Tatam Ly, n’a pu atterrir à Kidal à cause des manifestations téléguidées par le Mnla.

Au bout, une cinglante défaite. La « guerre » de Mara a pratiquement remis en cause tous les acquis dans la gestion de cette crise de Kidal, de 2013 à nos jours. La décision de Mara d’aller à Kidal n’a pas été réfléchie. Rien ne pourra justifier la débandade des forces armées face à des groupes armés dans la petite bourgade de Kidal. Le Premier ministre savait que sa visite à Kidal présentait beaucoup de risques. C’est ce qui avait été dit à son prédécesseur Oumar Tatam Ly, qui avait pris la sage décision de renoncer, à la dernière minute, à une visite dans cette localité. Mara avait décidé d’y aller quand même. Le résultat est connu. Et Kidal est toujours contrôlé par les groupes armés. L’insécurité au nord du Mali est grandissante.

Les populations vivent dans l’angoisse et la peur. Les terroristes sont toujours actifs et commencent à se manifester malgré la présence des forces onusiennes et de l’opération Barkhane. La preuve a été donnée par l’attaque de Nampala, aux portes de la région de Ségou, le 5 janvier 2015. Une attaque qui a (encore) occasionné la mort de 8 soldats maliens. Aucun espoir, pour le moment, de vaincre ces terroristes ne profile à l’horizon. Et l’échec est de toute évidence patent.

Aussi, devons-nous rappeler que la série noire a commencé par la nomination de Moussa Mara à la primature. Jeune et inexpérimenté, Moussa Mara n’a jamais fait l’unanimité au sein de la classe politique. Sauf qu’il y avait des illusionnistes qui croyaient en sa capacité de relever le défi d’un premier ministre efficace. Ceux-ci sont tombés de haut et ne s’en sont toujours pas remis. Ils avaient oublié que Moussa Mara a accepté ce poste pour booster simplement son parcours politique et non pour réaliser un quelconque miracle dans la gouvernance actuelle du Mali.

Sinon, comment comprendre que celui qui a, lui-même, fait des propositions pour la refondation de l’Etat, accepte des conditions qui ne favorisent pas la remise en cause du système mis en place par les bons soins du président de la République. Un système qui a poussé son prédécesseur, malgré ses qualités et ses compétences, à rendre le tablier.

Dans l’histoire de la démocratie malienne, excepté Mara et Tatam, aucun Premier ministre n’a formé un gouvernement dans lequel il ne détient pas un ou deux portefeuilles.

Beaucoup de Maliens croyaient qu’il allait convaincre IBK d’écarter la famille ou du moins de réduire sa taille dans l’exécutif. Rien n’y fait. Comme Tatam Ly, Mara a aussi plié face à l’argumentaire d’IBK : « C’est moi que le peuple a élu et c’est moi qui décide ». Donc, la famille demeure, reste et restera pour longtemps dans le gouvernement. L’inexpérience et les ambitions démesurées de Mara ont joué contre lui. Il n’a jamais pu poser un acte salutaire qui rassure ses compatriotes. Moussa Mara n’a fait que multiplier les maladresses. Et conséquemment, que des déceptions.

Crise sociale inquiétante

Les analystes politiques avaient relevé un choix « risqué » du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, en bombardant Mara, Premier ministre. Ils n’avaient pas tort. Le jeune expert-comptable agréé s’est très vite rendu compte que le boubou porté n’était pas à sa dimension. Sa nomination coïncide avec l’éclatement de l’affaire de l’avion présidentiel. Il se met au-devant de la scène pour défendre l’indéfendable. Pire, devant les élus de la Nation, il soutient que l’avion acquis sous ATT n’appartenait pas au Mali. Ce qui n’était pas vrai.

Enfin, en 2014, la crise sociale avait pris des proportions inquiétantes qui ont conduit même la centrale syndicale (UNTM) à observer 72 heures de grève. Elle n’était pas la seule formation syndicale à s’offusquer du comportement des pouvoirs publics. Presque tous les secteurs d’activités ont ou tenté de passer à l’acte (la grève). Le pouvoir d’IBK était incapable de satisfaire les besoins élémentaires des syndicats. Des promesses non tenues et des violations des droits des travailleurs étaient les principaux points d’achoppement entre l’Etat et les regroupements professionnels.

Des échecs qui ont fini par assombrir l’année en creusant un fossé entre le président de la République et les populations. Ce fossé se rétrécira-t-il en 2015 ? C’est là toute la question.

Source: L’Aube

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