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Home / A la Une / André Bourgeot à propos des pourparlers d’Alger : « S’ il y a des concessions qui sont faites sur la notion d’AZAWAD, ça veut dire que c’est porteur de partition»

André Bourgeot à propos des pourparlers d’Alger : « S’ il y a des concessions qui sont faites sur la notion d’AZAWAD, ça veut dire que c’est porteur de partition»

André Bourgeot est anthropologue, Directeur de recherche émérite au Centre National de la Recherche Scientifique, affecté au laboratoire d’anthropologie sociale.

Le centre de ses préoccupations scientifiques concerne l’ensemble de l’espace saharo-sahélien, particulièrement le Mali et aussi le Niger où il a longtemps travaillé. Nous l’avons interrogé, vendredi dernier, à l’Azalaï Hôtel Salam, sur la problématique du Nord du Mali.

Quel est votre point de vue sur les pourparlers d’Alger ?

La première observation que je ferai, c’est qu’on en est au 5ème round. Donc si on en est au 5ème round, c’est qu’il y a eu des blocages dans les précédentes négociations. Il semblerait que ces blocages sont en train d’être levés, mais je ne pense pas qu’ils soient levés d’une manière définitive. Je crois savoir qu’ils ont signé, hier, un accord de cessez-le feu, mais pas plus, pas sur le résultat de négociations qui iraient vers la fin. C’est un résultat appréciable puisque ça recrée les conditions du dialogue.

Récemment, la Minusma a signé, avec le MNLA, un communiqué qui a soulevé un grand tollé et entraîné des morts à Gao. Il y a aujourd’hui une certaine défiance de la population envers la MINUSMA. Qu’en pensez-vous ?

Au vu des informations que j’ai lues, il semblerait qu’il y ait eu une signature entre la MINUSMA et les cadres du MNLA, pour créer une zone de transition sécuritaire, je crois et que ça serait fait à l’insu des autorités maliennes. Si effectivement, c’était le cas, c’est quand même quelque chose d’absolument inquiétant. Jusqu’à présent et en ma connaissance, le Mali est un Etat souverain. Donc, il aurait du être quand même informé de cette signature, ce qui, apparemment, n’a pas été le cas. Finalement, il y a une reconnaissance implicite de ce fait là, puisque la MINUSMA a retiré ce document en disant que « non, en définitive, c’était simplement un document de travail qui n’est pas officialisé, etc. » Même si c’est un document de travail, ça ne peut pas se faire à l’insu des autorités maliennes, dans lesquelles intervient une représentation de l’ONU.

Concernant les problèmes au Nord du Mali, faut-il faire l’amalgame entre le terrorisme ou « djihadisme et la rébellion ?

En tout cas, c’est un amalgame que je ne ferai pas, parce que c’est quand même deux objectifs et des stratégies différentes. D’un côté, vous avez la nébuleuse Al Qaïda incarnée par AQMI, le MUJAO, Ansardine, qui se réclament exclusivement du salafisme djihadiste, donc, pour l’instauration d’un émirat ou peut-être à terme d’un khalifat. Alors qu’à côté de la rébellion à dominante touarègue, les objectifs sont différents, puisque ça concerne essentiellement, à l’origine, l’indépendance et la laïcité. Je rajoute immédiatement qu’il y a eu une convention qui a été signée entre le MNLA et la nébuleuse Al Qaïda. Convention qui a duré, je crois, 4 ou 5 jours. En tout état de cause, elle a quand même été signée, d’une part. D’autre part, tout le monde sait aussi qu’il y a une mouvance islamiste, cette fois-ci au sein du MNLA.

Quelles sont vos remarques sur la situation générale de notre pays ?

Indépendamment du Nord, je pense qu’il y a au Mali, un climat de tension qui est particulièrement inquiétant. Les critiques s’expriment, c’est très bien, parce que c’est une nation démocratique et puis surtout sur le Nord, ça va déboucher sur quoi ? Les problèmes de fond ne sont toujours pas abordés. On va aller sur des mesures dilatoires qui font en sorte qu’on gagne du temps et qu’il n’y a pas une réelle volonté d’aborder les problèmes de fond. Le problème qui demeure, c’est le recours à la notion de l’AZAWAD. Si effectivement, il y a des concessions qui sont faites sur la notion d’AZAWAD, ça veut dire que c’est porteur de partition. L’AZAWAD, c’est l’espace géographique entre Tombouctou et Arawane. Ça, c’est occupé par les pasteurs nomades berrabiches, c’est 300 km2. En aucun cas, ça ne représente un territoire politique qui était le territoire des Touarègues. C’était leur propagande, quand ils ont dit « l’AZAWAD, c’est le territoire de nos ancêtres, on a été colonisé par le Mali. » Tout ça, j’insiste là-dessus, c’est de l’imposture politique, ils ne peuvent pas se prévaloir d’une antériorité historique. La deuxième signification de l’AZAWAD, c’est 3 régions administratives : Tombouctou, Gao et Kidal, ce n’est pas un territoire touarègue. Ensuite, il y a eu cette notion qui avait été avancée dès le début, par le MNLA, pour revendiquer l’indépendance, c’est l’accusation de colonisation qui est typiquement une fabrication politique. Ils ont le droit de fabriquer, mais se prévaloir d’une antériorité historique pour légitimer leur revendication, ce n’est pas acceptable. Ça veut dire que s’il y a des concessions qui sont faites là-dessus, c’est porteur d’un statut particulier et si c’est porteur d’un statut particulier, c’est aussi porteur d’un processus de début de démantèlement de l’intégrité territoriale.

Propos recueillis par Baba Dembélé

Source: Canard Déchainé

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Modibo TEMBELY est co-administrateur de ce site web.

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